Garry Marshall a réalisé certaines des comédies romantiques les plus populaires des dernières décennies. Le classique des classiques Pretty Woman, c’est lui. La réunion du tandem Richard Gere et Julia Roberts dans Runaway Bride, aussi. Le premier film de Anne Hathaway, The Princess Diaries? Garry. Depuis un certain temps, le cinéaste et producteur, 81 ans au compteur, a fait des «films de fêtes» sa spécialité. Après avoir célébré La Saint-Valentin et La veille du Nouvel An, il rend hommage aux mamans.
Garry Marshall n’est pas seulement le roi de la comédie romantique (et le cinéaste avec lequel Julia Roberts a joué quatre fois dans sa vie); il est également le prince de l’anecdote. Des histoires? Il en a plein. Ça va de son «passage dans l’armée au milieu des années 1950» à ce «voisin canadien avec qui il adorait célébrer l’Action de grâce» au respect qu’il porte à son «grand ami Bryan Adams». Bavard et showman, Garry saute allègrement d’un sujet à un autre de sa voix forte et râpeuse, teintée de sonorités du Bronx où il est né. «J’ai tellement un gros accent, je parie que vous ne comprenez rien de ce que je vous raconte!» lance soudain le vétéran hollywoodien. «Si, si, Garry. Si.»
«Ah! C’est bien! s’exclame-t-il, rassuré. Saviez-vous que j’ai déjà fait un show au Québec? Dans le temps où j’étais musicien? C’était en 1959… Ou en 1960… Qui sait! J’aime le Québec. Vous avez été très bons avec mes films.»
Dans le plus récent de ces films, moins choral que l’étaient les deux derniers, Valentine’s Day et New Year’s Eve, composés quasi exclusivement de vignettes où défilaient une myriade de stars, le réalisateur octogénaire présente une mosaïque de personnages qui se croisent ou se foncent accidentellement, ouh, dedans, le jour de la fête des Mères. Jason Sudeikis incarne un veuf devant élever ses deux filles, Kate Hudson, une femme qui a coupé les liens avec ses parents et Jennifer Aniston («qui vient d’être élue la plus belle femme du monde par le magasine People», rappelle jovialement Garry), une mère divorcée. L’ensemble est léger. Très. Mais c’est voulu. «Je veux simplement que les gens passent un bon moment! C’est pour ça que je continue de tourner des films!»
«Je suggère de voir ce film après avoir regardé les nouvelles. histoire de se remonter le moral!» – Garry Marshall
La romantique comédie s’ouvre donc sur une note hop-la-vie, avec la voix d’un enfant qui crie: «Mamanmamanmaman!» Un des sons les plus beaux qui soient, estime le réalisateur. «Quand j’étais jeune, je jouais au baseball. Et toutes les fois où on se faisait mal, la première chose qu’on criait, c’était: “Mamaaaan!” même si elle n’assistait pas à nos matchs!»
Lui assiste aux matchs de son petit-fils. Et c’est après une partie de balle molle que disputait le garçon en compagnie de l’un des fils de Julia Roberts que Garry a proposé à la rousse comédienne de jouer dans Mother’s Day. Puis, suivant la bonne vieille méthode, il a planqué le scénario du film dans la boîte à malle de son actrice fétiche. «Moi, je ne suis pas très “mes agents vont parler à tes agents”…!» Faut croire que la manière old-shool est efficace: «Julia a lu le texte, elle m’a appelé et on était réunis à nouveau!»
Il a aussi été réuni avec Kate Hudson, qui avait tenu la vedette de son charmant Raising Helen (et qui venait, petite, sur son plateau, à l’époque où il dirigeait sa mère, Goldie Hawn). «J’ai tourné Overboard avec Goldie et Kurt Russell. Ce n’était pas un hit quand c’est sorti. Mais elle passe encore à la télé quelque part dans le monde chaque jour, cette vue!»
Il ne se passe pas non plus une journée sans que quelqu’un lui parle de Pretty Woman, qui sera bientôt présentée à Broadway. Mais le réalisateur convient que certains de ses projets ont été «meilleurs que d’autres». Il mentionne avec un ton découragé sa série-flop Me and the Chimp, mettant en vedette un dentiste… et son chimpanzé. «Un ratage complet! J’ai malheureusement choisi le mauvais chimpanzé», s’amuse-t-il.
Cela dit, s’il a des souvenirs qui datent d’il y a des lunes, M. Marhsall n’est pas resté coincé dans le passé. Dernièrement, il a prêté sa voix au branché dessin animé pour adultes BoJack Horseman. «Je ne savais même pas c’était quoi! Mais j’ai six petits-enfants qui regardent tous ces trucs. Ils ont reconnu ma voix!» D’autres l’ont reconnu quand il a fait un caméo à l’émission du célébré humoriste Louis C.K. qu’il adore.
Parlant d’humour, dans Mother’s Day, Garry a glissé un personnage de jeune papa qui tente de percer dans le monde du stand-up. Un clin d’œil à l’un des nombreux boulots qu’il a occupés dans sa vie, à savoir celui de scripteur (il a notamment écrit des gags pour The Tonight Show). «Mais la politique s’est emparée de la comédie, se désole-t-il. Heureusement, j’ai pu placer quelques blagues dans mon dernier film.» Ce qu’il a placé aussi? De la technologie. «Les personnages utilisent Skype! note-t-il fièrement. J’essaye de me tenir à jour. J’essaye d’être hip!»
Mother’s Day
En salle vendredi