Étoiles: ***
Comment ne pas aimer l’adaptation cinématographique du roman de Jojo Moyes, «Avant toi», dont elle signe aussi le scénario? Une histoire d’amitié, d’amour qui fait rire et pleurer.
La première réalisation de Thea Sharrock a trouvé un nouveau chemin pour nous transporter dans les méandres du drame sentimental, avec les larmes aux yeux et le cœur léger.
Véritable hymne à la vie, «Avant toi» s’immisce dans le quotidien de Lou Clark (Emilia Clark). La jeune femme à la bouille qui rappelle celle d’Audrey Tautou dans «Le fabuleux destin d’Amélie Poulain» sera appelée à être aide-soignante après la fermeture du café où elle travaillait.
Sa mission: devenir une amie pour le fils de l’une des plus riches familles d’Angleterre. Mais faire sourire Will Turner (Sam Claffin), un trentenaire à la mauvaise humeur constante à la suite d’un accident qui l’a rendu tétraplégique, est loin d’être une tâche facile.
Amitié
Avant d’être une histoire d’amour (on se doute bien que Cupidon s’invite à la fête dès la première rencontre), «Avant toi» est le récit d’une belle amitié.
Avec des conventions scénaristiques semblables aux «Intouchables», le film traite évidemment de la différence des milieux sociétaires entre Lou et Will.
Et puis, il y a cette compréhension de l’autre. De sa réalité. Si on juge aux premiers abords le mauvais caractère de Will, Lou finira par le comprendre et ultimement par le changer par l’écoute et son bon vouloir.
En découlent des scènes d’une réelle beauté du cœur. Bien que certaines actions prévisibles des personnages nous font sourire et que de nombreux clichés soient insérés dans les dialogues «Avant toi» reste un drame sentimental auquel on s’attache.
Vivre ou mourir
Le film qu’on appréhende rose bonbon prend une tournure tout à fait différente lorsque Lou apprendra que Will a fait le choix de mourir.
Incapable de vivre avec cette nouvelle réalité qui a secoué sa vie il y a deux ans à la suite d’un accident, Will souhaite mettre fin à ses jours dans six mois.
Sa famille fonde son espoir dans la jeune femme pour redonner le goût à la vie à leur fils puisque son état irréversible laisse peu de place au miracle.
Acteurs
Le film produit par Alison Owen («Sauvons M. Banks») et Karen Rosenfelt («Percy Jackson», «La voleuse de livres» et «Twilight») présente un duo d’acteurs efficace.
On tombe rapidement sous le charme d’Emilia Clarke à mille lieues de «Game of Thrones» dans les traits de la jeune femme aux tenues vestimentaires ludiques qu’on souhaiterait tous avoir comme meilleure amie.
Le personnage de Lou qui tente de tracer son étoile entre son copain narcissique Patrick (Matthew Lewis) et ses parents qui ont besoin d’elle (Samantha Spiro et Brendan Coyle) n’est pas dans la rationalité. Il est ancré dans l’émotion. On s’y projette avec joie.
À l’opposé, le clan des Turner est plus rationnel. On y découvre des parents nuancés entre la raison et l’émotion. La mère (Janet Mc Teer) et le père (Charles Dance) apportent une part de non-dits au scénario. Nathan (Stephen Peacocke), le médecin de Will, propose pour sa part une lecture plus didactique de la situation.
Goût à la vie
La dynamique des personnages et le scénario bien rendu de Jojo Moyes dressent un portrait touchant d’une situation que bien des gens doivent vivre. Même si elle est romancée, enrichie (littéralement) d’éléments superflus, l’histoire d’«Avant toi» nous force à nous poser la question. Et nous? Que ferait-on?
On passera outre à la polémique des groupes de pression entourant le débat sur le droit de mourir dans la dignité qui dénoncent le traitement hollywoodien de la question.
Reste que le film porte un puissant souffle de vie. Il nous rappelle de ne pas nous asseoir en la regardant passer, mais plutôt d’arpenter toutes ses possibilités. De la courir à s’en essouffler, et ce, jusqu’à notre dernier souffle.