Cet été, le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) offre au public le travail de deux générations d’artistes, destiné à «plusieurs générations de visiteurs», souhaite le directeur général et conservateur en chef du MAC, John Zeppetelli. Une rétrospective de l’artiste canadienne Liz Magor, Habitude, côtoie donc une installation des Américains Lizzie Fitch et Ryan Trecartin jusqu’au 5 septembre. Coup d’œil sur deux expos qui explorent le quotidien, chacune à sa manière.
Liz Magor. Habitude
Tweed, cigarettes, carton de Toblerone, têtes de poupées enrobées dans des serviettes… Les matériaux et les objets du quotidien sont nombreux dans le travail de Liz Magor, et les commissaires d’Habitude, Lesley Johnstone et Dan Adler, ont travaillé près de deux ans pour arrêter leur choix sur 75 œuvres produites au fil de la quarantaine d’années de carrière de l’artiste. «On a décidé assez vite de ne pas en faire une exposition chronologique», expliquait hier Dan Adler. Une œuvre de 1980 peut donc se retrouver à côté d’une autre de 2015, qui la rejoint par son thème : dépendance, désir et consommation sont parmi les préoccupations récurrentes mises en lumière dans l’exposition. «Il y a aussi une idée de ralentissement qui émane de tout cela, explique Dan Adler. La façon dont les œuvres sont installées encourage les gens à déambuler, à errer. On n’est pas habitués à cela dans la vie, on est habitués à devoir accélérer.»
Lizzie Fitch/Ryan Trecartin. Priority Innfield
L’internet et les médias sociaux ont transformé notre manière d’aborder l’image. C’est l’idée derrière les cinq pavillons évoquant une banlieue américaine (gradins, parc, patio…) de Priority Innfield, expo produite pour la Biennale de Venise en 2013 qui comporte quatre films : un tourné par Ryan Trecartin lorsqu’il était au secondaire, documentant un «rituel de destruction» (de boîtes aux lettres, de tables de pique-nique) des jeunes de son patelin, et les trois autres constituant des chapitres d’un récit qui se déroule dans un avenir dystopique, où tout est lié à la conscience d’être regardé. Ce qui ne signifie pas que les deux trentenaires soient technophobes, assure le commissaire Mark Lanctôt. «Ils n’offrent pas une réponse à l’avenir d’un monde dans lequel les robots auraient envahi la Terre. Ils observent plutôt la façon dont, même si on ignore les conséquences qu’auront les changements technologiques, on embarque quand même.»