Rencontres

Mille et un détours plus tard, Ève Côté arrive à bon port 

Ève Côté

Il était une fois une jeune femme nommée Ève Côté, qui avait quitté les beaux paysages de sa Gaspésie natale pour s’établir dans la grande ville de Montréal avec, en tête, un objectif précis: lancer son premier spectacle comme humoriste.  

Il aura fallu huit ans et des poussières pour que se produise l’aboutissement féérique dont rêvait, jadis, la petite fille de Gaspé qui interrompait les soupers d’ami.e.s de ses parents pour raconter ses blagounettes au bout de la table, et qui brandissait son diplôme de l’École nationale de l’humour  (ENH) en 2014. Enfin, en 2022, à 37 ans, Ève Côté rode son premier one woman show, dont la première officielle doit avoir lieu en février 2023, à l’Olympia.  

Mais, dans les faits, que de détours elle a empruntés, Ève Côté, avant d’arriver à son rêve! Attablée dans un café de Rosemont, quartier où elle a élu domicile après un séjour dans Villeray, la moitié des Grandes Crues déballe son sac sans flafla à Métro.  

«J’ai fait sciences pures, j’ai fait une session en enseignement des mathématiques, j’ai fait un bac en communication, j’ai fait un certificat en gestion des ressources humaines, j’ai fait un an en techniques policières… [rires] Et c’est là que j’ai fait Cégeps en spectacle et le Tremplin de Dégelis, un concours d’humour amateur dans le coin de Rimouski, que j’ai gagné. J’avais aussi gagné la finale locale à Cégeps en spectacle à Rimouski et, entre-temps, je m’étais inscrite à l’École nationale de l’humour. Je suis montée à Montréal faire l’audition, je suis redescendue, je suis revenue faire une journée de stage, et après, on m’a annoncé que j’avais été sélectionnée.» 

«Je ne viens pas d’un milieu où les gens faisaient ce métier-là, ajoute Ève. Ça m’apparaissait inaccessible. Mes parents sont natifs de Petite-Vallée, et mon père est directeur dans un garage et ma mère est infirmière. J’ai un frère travailleur social et ma sœur est vice-présidente dans une compagnie d’assurances…» 

Évolution

Or, en 2012, quand elle a été admise à l’ENH – et qu’elle a assimilé le fait que les stationnements sont difficiles à trouver à Montréal! – son destin s’est tracé de lui-même. Même si, de son propre aveu, elle a été plutôt effacée pendant ses deux ans de formation comique. 

«J’arrivais de techniques policières. Moi, être couchée sur le dos une heure de temps pour sentir mes organes… Je me demandais ce que je faisais là. La première année, je me suis beaucoup demandé si c’était ma place, si je devais retourner chez nous. Mais, mon premier été à Montréal, j’ai été voir des shows, je me suis imprégnée de ce que c’est, être humoriste. À ma deuxième année, je suis arrivée plus forte et assumée dans mon désir de devenir humoriste. Mes profs ont vu l’évolution.» 

Luc Senay, entre autres, lui a conseillé de ne pas trop polir son accent gaspésien, soutenant que celui-ci ferait partie de son «personnage» de scène.  

Elle a écouté le conseil. À un point tel qu’aujourd’hui, celle qui s’est fait beaucoup connaître par la radio se fait souvent reconnaître grâce au ton de sa voix et ses intonations. De la radio, elle en fait encore cette année, le matin, à Rouge, en compagnie de complices qu’elle adore, Pierre-François Legendre et Marie-Josée Gauvin. Au fil des ans, le public a aussi apprivoisé le visage d’Ève Côté à OD+ en direct, Code F, Sucré salé, Fais-moi rire… Elle a également assuré les premières parties des spectacles de Lise Dion en 2015.  

«J’ai tellement appris de sa rigueur, de son respect pour le public, précise Ève au sujet de Lise. Elle m’a appris que, ce qui se passe en coulisses, les comparaisons avec les autres, on s’en fout. C’est devant le public que ça se passe. J’ai appris tout un côté professionnel avec elle.» 

Les Grandes Crues, un «accident» 

Il y a également eu, bien sûr, un joli accident de parcours appelé Les Grandes Crues, le duo qu’elle formait encore tout récemment avec sa bonne copine Marie-Lyne Joncas et qui offrait au printemps dernier la 300e représentation de son spectacle Su’l gros vin.  

Le tandem l’a souvent raconté: Ève avait reçu une invitation à faire un spectacle-bénéfice d’une heure au profit des CALACS (Centres d’aide aux agressions sexuelles) à Sainte-Anne-des-Monts et, sans matériel suffisant pour remplir les 60 minutes, avait invité sa camarade de classe Marie-Lyne Joncas à se joindre à elle, prête à partager les 700 $ que lui rapporterait le contrat. Elles prévoyaient offrir un numéro de 20 minutes ensemble, puis s’allouer le même laps de temps en solo chacune, mais en s’assoyant pour mettre leurs idées en commun, Ève et Marie-Lyne ont réalisé qu’elles en avaient encore plus long à dire en équipe tout au long de la prestation. Le ROSEQ (Réseau des organisateurs de spectacles de l’Est du Québec) les a remarquées, une tournée en a amené une autre et, sans crier gare, Les Grandes Crues étaient parties pour six ans de route avec Su’l gros vin (et quelques rendez-vous Zoom pendant la pandémie). Le spectacle a d’ailleurs été capté il y a quelques mois, pour une diffusion éventuelle sur Crave.  

Capable d’en prendre 

Dans son premier one woman show, qu’elle imagine typique de toutes les premières cartes de visite du genre, Ève Côté veut se présenter, raconter son histoire, exposer ses couleurs de «fille du terroir». «La genèse du gène Ève Côté», résume-t-elle. Elle travaille ses textes avec Jean-Christian Thibodeau et Danis Durocher, ainsi que son frère, Jean-Michel Côté, qui a apparemment lui aussi de la répartie à revendre. On devrait déceler dans ce premier effort le côté mordant de l’enfant de région qui en a vu d’autres. 

«Je viens de la Gaspésie. Tu as besoin de te lever de bonne heure pour m’insulter! J’ai été élevée avec un frère et une sœur plus vieille, et j’ai travaillé dans les bars. Je suis quelqu’un qui est capable de se faire respecter!», tranche celle qui a fait le tour du Lac-Saint-Jean en vélo lors de ses vacances cet été, et qui se dit également adepte de randonnées dans ses temps libres. 

Pour connaître toutes les dates de rodage d’Ève Côté, on consulte son site web (evecoteofficiel.com). Ève Côté fait également partie de la nouveauté Le maître du jeu, animée par Louis Morissette, le jeudi, à 20h, à Noovo, et elle animera la cinquième saison de Roast Battle, à Z, l’hiver prochain.

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