LETTRE OUVERTE – Nous avons récemment entendu parler d’une enseignante d’une école primaire publique anglophone de Chelsea (Québec) qui a été mutée à un poste plus administratif au motif qu’elle ne respectait pas la loi sur la laïcité de la province… pourtant en vigueur depuis deux ans.
La CBC nous a également informés que cette enseignante canadienne culturellement distincte, qui n’était dans la profession que depuis trois mois, sera remplacée dans sa classe par une autre ayant plus de dix ans d’expérience… avec la différence d’être plutôt blanche et anglo-saxonne.
Cela pourrait supposer un problème de gestion dans la classe, mais aussi que la Commission scolaire Western Québec (qui ne reconnaît toujours pas la constitutionnalité de ladite loi) instrumentalise à la fois une enseignante qui semble appartenir à une minorité visible, et le gouvernement québécois avec sa loi 21.
D’une pierre deux coups: pourquoi la commission scolaire a-t-elle un problème soudain avec ladite loi à ce moment précis? Se pourrait-il qu’elle ait eu besoin de couvrir une problématique interne au nom de ses différences politiques plutôt que de s’occuper de son mandat premier qu’est l’éducation? Voilà de la suprématie blanche dans toute sa splendeur!
Avant que les organismes anti-projet de loi 21 ne la contestent devant la Cour suprême, le juge Blanchard avait statué que les commissions scolaires anglophones n’étaient pas tenues d’interdire l’expression de symboles religieux au sein de leur personnel puisqu’elles font partie de la minorité linguistique de la province de Québec. La clause dérogatoire permet de mettre cette loi à l’épreuve sur le terrain pendant cinq ans. La question qui se pose dès lors n’est-elle pas simplement liée à la difficulté d’embaucher des personnes dans ce contexte de pénurie de main-d’œuvre? Ce que démontre la commission scolaire Western Québec, c’est que non, puisqu’il suffit de remplacer une personne culturellement distincte par une autre qui s’intègre mieux. Ce qui, en soi, est discriminatoire et altérisant de leur part.
Loïc Brurat
Baccalauréat ès arts (Université de Sherbrooke)