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Que se passe-t-il dans le cerveau d’une personne qui écoute de la musique?

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Qui n’a jamais connu le plaisir de chanter son refrain préféré ou de hocher la tête en écoutant une chanson particulièrement prisée? Mais pourquoi aimons-nous autant la musique? Métro a fait appel à deux chercheurs en neurologie pour mieux comprendre ce qui se passe dans notre cerveau lorsqu’on fait tourner le tube qui nous fait planer.

Selon la Dre Nathalie Gosselin, neuropsychologue, professeure adjointe au Département de psychologie de l’Université de Montréal et chercheuse affiliée au laboratoire BRAMS d’étude sur le cerveau, la musique et les sons, la musique a un effet émotionnel mesurable sur le cerveau.

Au coeur de ce phénomène: l’amygdale, constituée de deux petites structures en forme d’amande, qui se trouve près du centre du cerveau.

«C’est un peu comme un système d’alarme, explique-t-elle. S’il se passe quelque chose d’inhabituel, de surprenant, ou même une émotion forte positive ou négative, c’est une structure qui va être rapidement sollicitée et qui va mettre en branle toute une série d’actions pour pouvoir réagir en conséquence.»

Et c’est la façon dont on interprète la musique entendue qui déterminera comment l’amygdale y réagira.

Une question majeure
Qu’est-ce qui rend une musique gaie ou triste? Deux facteurs semblent importants, selon la Dre Gosselin: le mode (majeur ou mineur) et le tempo (rapide ou lent).

Les chansons en mode majeur nous semblent généralement plus gaies, alors que celles en mode mineur nous semblent plus tristes. La chanson Joyeux anniversaire, par exemple, est en mode majeur; La bohème, de Charles Aznavour, elle, est en mode mineur.

On peut d’ailleurs voir un exemple probant de cet effet si on parcourt la page YouTube Major vs. Minor (majeur vs mineur) du musicien ukrainien Oleg Berg. Ce dernier s’amuse à changer le mode d’une chanson, faisant passer une pièce en mode mineur à un mode majeur, par exemple, sans changer la vitesse de la pièce, ni le timbre des instruments ou de la voix du chanteur. Cela a pour effet de modifier totalement l’ambiance de la pièce.

D’après la Dre Gosselin, le même effet a été mesuré en laboratoire, en changeant le mode de pièces de musique classique. «Ça ne donne peut-être pas toujours l’impression inverse, mais ça modifie de façon significative le jugement émotionnel qu’on porte sur cette musique», illustre-t-elle.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=8dcfpH8oJoM&w=640&h=480]

La version d’Oleg Berg de la chanson Hey Jude du groupe britannique The Beatles. La pièce originale est en mode majeur. Cette version en mode mineur est reconnaissable, mais a une atmosphère beaucoup plus triste. C’est un exemple probant de l’importance du mode dans l’interprétation et l’appréciation d’une chanson.

L’association entre les modes majeur et mineur et l’émotion est peut-être innée chez l’humain, mais cela ne fait pas consensus chez les scientifiques. Certains croient que c’est un phénomène appris, inculqué par la culture.

Une étude menée auprès de membres d’une tribu maasaï africaine, dont les membres n’avaient jamais entendu de musique occidentale et qui n’avaient donc pas pu apprendre les associations musicales qui sont familières en Occident, fait plutôt pencher la balance du côté de l’inné. On a observé que ces derniers pouvaient très bien distinguer une chanson triste d’une chanson gaie. Par contre, nuance la Dre Gosselin, le tempo des chansons y était peut-être pour quelque chose, donc le résultat n’est pas définitif.

La chercheuse fait remarquer que les chansons ayant un tempo lent sont plus souvent perçues comme tristes. Quand on change le tempo d’une chanson en conservant le même mode, par exemple, on peut modifier de façon remarquable l’interprétation qu’un auditeur en fera.

«La musique a un impact sur le cerveau. Il y a des structures qui sont spécifiquement consacrées à la reconnaissance des émotions évoquées par la musique.» – Dre Nathalie Gosselin, neuropsychologue

 

Une chanson en souvenir de…?
La mémoire joue aussi pour beaucoup dans l’effet que la musique a sur nous, affirme Philippe Albouy, post-doctorant à l’Institut neurologique de Montréal. Si une chanson est connue, plusieurs zones du cerveau s’activent, dont la mémoire à long terme et le circuit de récompense.

«Le circuit de récompense, qui est responsable des dépendances et de toutes sortes d’émotions, est très fortement activé par la musique, particulièrement si elle est connue depuis longtemps et appréciée», ajoute M. Albouy.

Les radios populaires le savent, et c’est pour cela qu’elles diffusent souvent des chansons connues plutôt que de nouvelles pièces, croit la Dre Gosselin. «À styles ou à genres musicaux équivalents, on va préférer une pièce qu’on a déjà entendue», renchérit-elle.

La mémoire peut aussi avoir l’effet inverse, puisque le cerveau peut associer une émotion négative à une chanson, explique la Dre Gosselin. «Il est alors possible qu’une pièce comme Joyeux anniversaire prenne une connotation négative, parce qu’elle est liée à de mauvais souvenirs.»

La musique: un plaisir universel?
Entre 3% et 4% des gens sont atteints d’amusie, estime M. Albouy. Ces personnes n’arrivent pas à distinguer les écarts entre les notes et n’entendent donc pas de mélodie. Elles ont aussi parfois du mal à percevoir un rythme. Certaines n’entendent que du bruit; d’autres essaient carrément d’éviter d’écouter de la musique.

Êtes vous amusical? Ce test du laboratoire BRAMS pourra le déterminer. Le test prend environ 20 minutes à compléter.

Selon M. Albouy, les personnes amusiques ont un défaut de connexion entre deux régions cérébrales très importantes pour l’interprétation et le traitement de la musique, soit le cortex auditif droit et le gyrus frontal inférieur.

«Cette connexion a l’air d’être cruciale pour la perception et la mémoire de la musique, et donc l’appréciation de celle-ci, explique M. Albouy. Toutes les étapes qui viennent après – l’émotion, la récompense, la mémoire à long terme –, tout ça implique qu’on ait bien intégré l’information.»

L’amusie peut résulter d’un accident cérébral, mais plusieurs cas d’amusie sont congénitaux, et certains chercheurs soupçonnent qu’elle a une composante génétique.

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