Entrepreneuriat

Histoire de succès – Loop, la mission d’abord!

David Côté et Julie Poitras-Saulnier, fondateurs de Loop Mission

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«Nous ne sommes pas un produit, mais un concept.»

Si Loop Mission est d’abord connu pour ses boissons fabriquées à partir des surplus rejetés par l’industrie alimentaire, ses fondateurs refusent qu’on leur accole l’étiquette de compagnie de jus. Ou de gin. Ou de bière. Ou de savon. Bref, de tout ce que l’entreprise fabrique à partir de denrées destinées au dépotoir. C’est plutôt pour sa mission – valoriser les aliments rejetés – que l’entreprise montréalaise veut faire sa marque. Entretien avec David Côté, cofondateur de l’entreprise.

David Côté

  • Co-fondateur de Loop Mission
  • Entreprise fondée en 2016 à Montréal
  • Nombre d’employés: 50
  • Profil LinkedIn

Comment Loop Mission est-il né?

«Il y a six ans, j’ai rencontré Julie Poitras-Saulnier (aujourd’hui présidente de l’entreprise) et on est tombé en amour. Julie a un parcours académique en sciences de l’environnement et a travaillé en développement durable dans de grandes entreprises, alors que je suis autodidacte et que j’ai roulé ma bosse avant de me lancer en affaires (Crudessence et Rise Kombucha). Ensemble, on a eu envie de partir un projet dont la philosophie est « plus tu vends un produit, mieux c’est pour la planète ».

Au même moment, j’ai reçu un appel de l’un des plus grands distributeurs de fruits et légumes au Canada, Courchesne Larose. On m’a expliqué qu’ils jetaient de 16 à 25 tonnes de fruits et légumes mûrs par jour. Quand un fruit est mûr dans un entrepôt, les épiceries ne vont pas l’acheter, il est trop tard. Il va se retrouver au site d’enfouissement.

Après avoir visité leur entrepôt, on a décidé de se lancer: Julie a vendu sa maison, j’ai vendu Crudessence et une partie de mes actions de Rise. On a lancé la machine et élaboré nos premiers jus à partir des surplus de Courchesne Larose. Aujourd’hui, on travaille avec des distributeurs alimentaires, des chaînes d’épicerie et des agriculteurs pour fabriquer des produits anti-gaspillage.»

6 782 tonnes

Depuis sa fondation, Loop a empêché 6 782 tonnes de fruits et de légumes d’être jetées au dépotoir.

Comment expliquer que personne n’ait pensé à valoriser ces surplus de la sorte avant vous?

«En général, l’entrepreneur est tellement occupé à vendre, à faire du marketing ou à gérer ses ressources humaines qu’il n’a pas le temps de penser à ses déchets. Et quand l’entreprise grandit, l’entrepreneur ne voit plus le déchet. Il ne voit qu’une ligne « perte » dans un rapport financier. Ça devient un chiffre dont on ne saisit plus la réalité.»

Ne faudrait-il pas aussi régler les problèmes de gaspillage à la source?

«Malheureusement, le gaspillage va toujours être présent. On est dans un pays développé où les consommateurs s’attendent à une grande abondance. Si on s’attend à avoir tous les produits possibles, de toutes les variétés, en tout temps, pour satisfaire tout le monde, il va toujours y avoir des surplus. C’est là qu’une compagnie comme la nôtre peut venir s’imbriquer entre le consommateur et l’industrie pour sauver ses aliments.»

Loop va bientôt déménager dans une nouvelle usine de 40 000 pieds carrés, qui a demandé un investissement de 10 millions. L’an dernier, vos ventes ont augmenté de 116%. Et vous voulez exporter votre concept aux États-Unis, en Europe et en Australie. Comment gérez-vous une telle croissance?

«On rushe! L’élastique est étiré au plus haut point. De toutes mes expériences d’entrepreneur, c’est la plus grande croissance que j’ai vécue. On va dans toutes les directions. On a des projets sur la planche pour les quatre prochaines années, en plus de toutes les compagnies qui nous appellent pour nous parler de leurs rejets. On est devenu le centre de collecte de données pour tout ce qui est jeté en Amérique du Nord. C’est très dur. Mais on est aussi très excités.»

Avec tous ces projets, est-ce qu’il y a un danger de perdre de vue les valeurs premières de l’entreprise?

«Non, au contraire. Ce qui est génial avec Loop, c’est que plus on grandit, mieux c’est. Souvent quand une entreprise se développe, son empreinte écologique croît aussi. Nous, c’est le contraire. Plus on travaille avec des gros joueurs, plus on sauve des aliments en grande quantité, plus notre impact environnemental est grand. C’est un cercle vertueux.»

Dans votre parcours, quel est le bon coup qui vous rend particulièrement fier?

«Notre meilleur coup a été de ne pas se limiter à un produit, mais de mettre la mission au centre de tout: partir d’un problème et créer une solution qu’on décline en produits. C’est ce qui fait qu’on peut grandir autant, et qu’on ne se limite pas à un article. Nous ne sommes pas un produit, mais on est un concept. C’est notre plus grande force.»

Son meilleur conseil aux nouveaux entrepreneurs

«Ne jamais démarrer une entreprise par désir de réussite, mais plutôt par désir de résoudre un problème. Souvent, la motivation première est de gagner de l’argent. C’est la mauvaise voie à prendre parce que vous vous épuisez et que vous n’êtes pas vraiment enthousiasmé par ce que vous faites.»

Sa plus grande erreur?

«Notre erreur a été d’attendre trop longtemps avant d’engager des pros. Dans une start-up, tu ne peux pas donner de bons salaires dès le départ. Tu embauches des juniors et tu les fais grandir avec toi. On a trop attendu avant d’engager des seniors, par peur de ne pas avoir les budgets. Ça nous a fait perdre environ un an de croissance.»

Une entreprise ou un entrepreneur qui l’inspire

«Mid-Day Squares, pour leur incroyable storytelling!»

Son application favorite

«Th3rdwave, pour localiser les cafés troisième vague!»

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