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Les uniformes non-genrés conquièrent les écoles

Photo: iStock

Les uniformes n’ont plus de sexe. Bientôt un an après qu’un groupe d’adolescents aient protesté contre la discrimination vestimentaire en portant des jupes, des écoles répondent à l’appel en optant pour des vêtements non-genrés. Cet automne, le fournisseur québécois d’uniformes scolaires Raphaël U offre d’ailleurs des coupes non-binaires à plus d’une soixantaine d’écoles près de Montréal.

«C’était un cri de ralliement, commente Tammy Hattem, cofondatrice de Raphaël U, en faisant référence aux élèves de l’école internationale Lucile-Teasdale, à Brossard, qui avaient adopté la jupe en signe de solidarité envers leurs consoeurs. C’est rare que les garçons vont autant s’impliquer pour une cause pour les filles.»

Elle-même sensible aux enjeux LGBTQ2S+ et plus particulièrement à ceux des personnes non-binaires, l’entrepreneuse dit comprendre pourquoi les vêtements et l’apparence jouent un rôle important dans la définition de soi, surtout chez les adolescents. Si le port de l’uniforme contribue à minimiser l’anxiété de bien paraître pour certains, d’autres inconforts persistent lorsqu’une seule ligne genrée ai proposé. «Des garçons avec une silhouette plus filiforme peuvent se sentir mieux dans la coupe pour filles, mais n’osent pas le demander», souligne Tammy Hattem. 

L’entreprise blainvilloise a modifié la terminologie de plusieurs de ses morceaux en éliminant toute mention de genre. «On a essayé de trouver des noms où tout le monde peut se retrouver», indique l’entrepreneuse. Au lieu d’appeler une coupe «féminine», on va plutôt la nommer «ajustée», de la même manière que le short «masculin» devient «basket». «Du moment où les jeunes se sentent à l’aise de porter le vêtement qui leur plaît le plus, on a déjà fait un pas vers l’avant», se réjouit la créatrice. 

Ouvrir le dialogue

Les écoles et les parents qui font affaire avec Raphaël U se sont montrés pour la plupart réceptifs à la création de cette nouvelle ligne. «On a été tellement bien accueillis que les gens en redemandent», assure la fondatrice, qui confie que le Collège Durocher Saint-Lambert a, depuis le lancement de sa collection non genrée, amendé son code de vie pour y inclure l’identité non-binaire.

Aux parents qui éprouvent des craintes de voir leurs enfants porter des vêtements normalement attribués au sexe opposé, Tammy Hattem conseille d’ouvrir le dialogue en posant davantage de questions: «Qu’est-ce que le jeune aime dans l’idée de porter une jupe? A-t-il simplement le goût d’explorer ou est-il en questionnement identitaire plus profond? Cela laisse place à une conversation qui peut s’avérer très riche.»

Raphaël U collaborera prochainement avec la firme de stylisme les Effrontés afin de développer encore plus de vêtements non-genrés. «On travaille sur une trentaine de pièces comme des polos et des pantalons qui peuvent plaire autant aux garçons qu’aux filles, ainsi qu’aux personnes non-binaires», explique-t-elle.

«C’est un mouvement pour les jeunes avant tout. Plus il y a d’entreprises qui embarquent dans le mouvement, mieux c’est pour eux, peu importe le volume de nos ventes», conclut la femme d’affaires.

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