Les activistes enchaînés aux installations d’un quai de chargement pétrolier de Valero, dans l’est de Montréal, se seront fait entendre pendant 23 heures. Toutes les personnes montées au sommet de la tour, sur place, ont été arrêtées. D’autres ont quitté les lieux de leur propre gré.
«Il s’agit là de la plus grande occupation d’un pipeline au Québec et tout le collectif Antigone en retire une grande fierté», écrit sur Twitter le regroupement citoyen à l’origine du mouvement. «On espère sincèrement avoir inspiré d’autres personnes à travers le Québec à s’organiser afin de créer un contre-pouvoir citoyen pour instaurer une société meilleure, juste et verte.»
Par sa mobilisation, Antigone a obstrué l’accès à un bateau, qui arrivait sur place pour procéder à un chargement pétrolier. Pour le collectif, il s’agit d’une victoire.
L’objectif pour nous est d’agir contre la crise climatique. Chaque baril de bitume qui ne peut pas être mis en marché est une réussite.
Alix Ruhlmann, militante
Antigone entend désormais se tourner vers les tribunaux pour tenter de fermer la ligne 9B, qui achemine 300 000 barils par jour. Le collectif a amassé 4345 $ en sociofinancement pour poursuivre son militantisme.
Sans égratignure
Mercredi, une trentaine de manifestants se sont postés, avec un fourgon, devant l’entrée d’un port du géant pétrolier Valero. Ceux-ci obstruaient l’entrée, tandis que d’autres avaient grimpé sur des structures de l’entreprise, en se faufilant derrière des clôtures massives.
Certains activistes se sont enchaînés à l’extérieur du conteneur maritime. Ils ont été arrêtés et relâchés rapidement avec une promesse de comparaître. Cinq grimpeurs se sont enchaînés au sommet d’une tour de Valero. Deux d’entre eux ont été arrêtés mercredi après-midi. Deux autres sont restés sur place pendant 23h, avant de connaître le même sort.
Le cinquième militant au sommet était Will Prosper, ex-candidat de Projet Montréal écarté du parti pendant la course électorale municipale. M. Prosper est descendu de la tour de Valero de «son plein gré pour sa santé mentale et physique», indique Antigone.
Se faire entendre
Par cette désobéissance civile, les militants souhaitent acheminer des demandes précises à l’État. Le collectif exige la diminution immédiate de la quantité de pétrole qui circule dans la ligne 9B, puis le déploiement d’un plan menant à sa fermeture. Notamment, il exige aussi l’implantation d’un réseau de détection en continu de fuites d’hydrocarbures dans les rivières de la région de Montréal.
Nous considérons notre protestation d’aujourd’hui comme un acte de légitime défense face à la gravité de la situation climatique.
Le collectif Antigone
«Nous ne pouvons plus nous contenter de gestes individuels pour se sortir de la crise écologique et les moyens traditionnels ne suffisent plus, mentionne le collectif sur ses réseaux sociaux. On doit user d’imagination, hausser le ton, se rassembler pour combattre le système capitaliste qui détruit le vivant. C’est nous qui devons nous battre pour la justice climatique.»
De son côté, Valero s’avoue «rassurée de constater qu’il n’y a eu aucun blessé lors de cette intervention délicate». Dans un échange avec Métro, l’entreprise indique ne pas souhaiter commenter la situation davantage.