Il y a dix ans presque jour pour jour, elle réalisait sa première vente au sein de son entreprise de mode. Aujourd’hui, c’est elle qui pave la voie du succès pour de nombreuses femmes qui font le pari de l’entrepreneuriat. Déborah Cherenfant n’a pas que le flair pour les beaux accessoires, elle sait aussi comment susciter la réussite au féminin.
«J’aidais des gens à gérer leur entreprise, mais j’avais moi-même peur de me lancer dans le vide», admet-elle candidement pour justifier le fait qu’elle faisait de l’accompagnement auprès de SAJE Montréal, un OBNL qui favorise le développement des PME, avant même d’avoir goûté à l’entrepreneuriat.
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Pour se départir du «syndrome de l’imposteur» qui l’habitait, et motivée par une vive passion pour la mode, elle a fondé Atelier Coloré, autrefois Coloré Design. Quelques mois plus tard, ses accessoires étaient en vedette au festival Mode & Design.
L’entreprise a récemment cessé ses activités. Pas parce que les accessoires ne se vendaient plus, mais parce que Déborah Cherefant avait une autre ambition. Celui de faciliter l’accès des femmes au monde des affaires.
C’est pourquoi la trentenaire d’origine haïtienne a fondé le blogue Mots d’elles mettant en valeur des femmes de tête, puis est devenue présidente du CA de Compagnie F, premier organisme consacré à l’entrepreneuriat féminin, métamorphosant au passage toute l’équipe (en raison de quelques voix dissidentes) avant d’assumer la présidence de la Jeune chambre de commerce de Montréal en pleine pandémie, de 2020 à 2021. Tout cela en plus d’accepter un poste de directrice régionale spécialisée en entrepreneuriat féminin à la Banque TD. Une opportunité qui peut sembler créée sur mesure pour elle, mais «pas du tout. On dirait (rires)! Ça a été créé sur mesure par l’univers», dit-elle.
Elle agit à titre de mentore pour quelques entrepreneures, mais sa mission première consiste à changer l’approche des banques envers les femmes, à «éliminer les obstacles, les barrières, dont les barrières historiques. Hey, il y a à peine quelques années, les femmes devaient avoir un garant [NDLR: ou un endosseur] masculin afin d’obtenir un prêt et se lancer en affaires», déplore-t-elle.
Occupation
2012 : Fondatrice de la marque Atelier Coloré ainsi que conseillère et coordonnatrice chez SAJE Montréal
2022 : Directrice régionale – Femmes entrepreneures Québec et Atlantique chez TD
Mais n’aimerait-elle pas mieux être à la tête d’une entreprise? Noui. «Les ex et futurs entrepreneurs m’ont souvent dit: “Je ne sais pas comment tu fais. Je ne pourrais jamais travailler pour un patron.” Moi, ça ne me dérange pas. J’aime travailler. J’appelle ça de l’intrapreneuriat.»
Ce qui a été le plus difficile, c’est de passer du monde flamboyant de la mode aux banques, traditionnellement plus grises. «Mais je me concentre plus sur les projets, sur l’humain plutôt qu’uniquement sur l’aspect financier. C’est là que je vais chercher de la valorisation: dans l’accomplissement des femmes.»
Elle n’exclut évidemment pas la possibilité de démarrer une nouvelle entreprise. «Dans dix ans, je me vois dans un espace rempli de trouvailles d’ailleurs inspirées de l’Afrique et des Antilles, entourée de clients souriants et, pourquoi pas, de mes enfants qui me tournent autour», s’imagine-t-elle, tendrement.
3 modèles de femmes
Christiane Taubira, ex-ministre française de la Justice, «parce qu’elle a brisé des codes».
Isabelle Hudon, présidente et cheffe de la direction de la Banque de développement du Canada (BDC) «qui a transgressé les barrières».
Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle du Québec, «pour son dynamisme et sa fougue. Elle est en feu!»