À l’origine, l’Ozempic est un médicament destiné à soigner les personnes atteintes du diabète de type 2. Mais depuis sa mise en marché, plusieurs médecins le prescrivent également pour la perte de poids, usage qui n’a pas été validé par Santé Canada.
«Ozempic n’a pas été homologué pour la perte de poids au Canada. Le fabricant du médicament [Novo Nordisk] n’a pas déposé de demande à l’appui de cette indication», indique l’institution fédérale. Puisque le laboratoire qui produit Ozempic n’a pas fait de demande pour que le médicament puisse être prescrit pour la perte de poids, il n’a pas eu à fournir de preuves ou d’études cliniques montrant son efficacité et ses limites pour cet usage.
Mais il n’est pas illégal pour un médecin de le prescrire pour la perte de poids.
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«Il appartient au médecin d’effectuer les recherches nécessaires en consultant la littérature médicale, les guides d’exercice et les lignes directrices publiées par les sociétés savantes. C’est au médecin de prendre la décision la plus appropriée et d’utiliser son jugement clinique en fonction de chaque cas», explique Leslie Labranche, conseillère principale aux relations médias au Collège des médecins du Québec.
Cela veut ainsi dire que les médecins qui le prescrivent pour un usage hors indication ne disposent pas de directives officielles quant à la posologie et au suivi.
Selon l’endocrinologue Richard Dumas, afin de prescrire adéquatement l’Ozempic pour la perte de poids – un médicament de sémaglutide –, les professionnel.le.s de la santé se fient pour l’instant surtout aux recommandations émises pour le Wegovy, un autre traitement de sémaglutide créé par la même compagnie pharmaceutique que celle produisant l’Ozempic, homologué par Santé Canada pour la perte de poids, mais indisponible dans la province par manque de stock. Le Wegovy serait trop populaire aux États-Unis, ce qui empêcherait une commercialisation massive du médicament chez nous.
Selon les médecins à qui Métro a parlé, pour obtenir une prescription d’Ozempic pour la perte de poids, on doit :
– Avoir un IMC de plus de 30 ou avoir un IMC entre 27 et 30 et présenter un problème de santé (ex.: prédiabète);
– Avoir prouvé que l’on a tenté de perdre du poids, sans succès.
Prescrit mais pas remboursé
Si un médecin peut donc vous prescrire Ozempic pour la perte de poids, les règles pour son remboursement sont claires: vous ne pourrez pas demander de remboursement auprès de la RAMQ pour toute autre pathologie que le diabète.
De plus, «l’obésité ne fait pas partie [des problèmes de santé couverts par le] régime public d’assurance médicaments, souligne Françoise Thomas, adjointe au secrétariat général et aux communications de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), lequel élabore les critères de remboursement des médicaments. «Ce médicament ne peut donc pas être remboursé pour cette condition médicale.»
Les prescriptions d’Ozempic couvertes par la RAMQ ont tout de même bondi en trois ans, passant de 74 en 2019 à 34 373 en novembre 2022. La hausse s’expliquerait simplement par l’efficacité du médicament pour contrôler le diabète de type 2, souligne Caroline Dupont, porte-parole médias de la RAMQ.
«L’Ozempic a été ajouté à la couverture publique en novembre 2019. Donc c’est certain que lorsqu’un nouveau médicament apparaît sur la liste pour une condition assez commune comme le diabète, on peut constater qu’il y a une hausse de la consommation», précise-t-elle.