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L’Ozempic peut être «intéressant» pour maigrir, selon des nutritionnistes

Ozempic nutritionnistes perte de poids
Photo: Denis Novikov/iStock

Il a beau avoir été créé pour traiter le diabète de type 2, l’Ozempic est de plus en plus prescrit par les médecins pour la perte de poids. Si certaines nutritionnistes consultées par Métro ne sont pas contre un tel usage du médicament, elles émettent toutefois quelques mises en garde. Tour d’horizon. 

«Cela peut être intéressant pour certains patients, affirme d’emblée Sarah Normandin, nutritionniste spécialisée en gestion du poids et en alimentation intuitive chez Référence nutrition. [Cependant], je pense qu’il faut prendre le temps de bien évaluer si on a le bon candidat pour ce genre de médication-là.» 

Ce «bon candidat», selon elle, est une personne préoccupée par sa morphologie, qui souffre potentiellement d’une condition qui l’empêche de contrôler son poids naturellement ou de ressentir la satiété. Les patient.e.s doivent démontrer que leurs démarches pour perdre du poids ont été infructueuses, malgré des habitudes de vie saines. Pour ce faire, une rencontre avec un.e professionnel.le de la santé est nécessaire, idéalement ajoutée à celle avec un.e nutritionniste. 

Les nutritionnistes peuvent alors proposer – sans pouvoir prescrire – des solutions médicales pertinentes pour aider les patient.e.s. Parmi celles-ci, on compte l’injection de sémaglutide, ingrédient actif de l’Ozempic. 


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Ouin, mais… 

Pour Diana Ayoub-Fawaz, diététiste et nutritionniste, l’Ozempic n’est cependant pas une option. Comme les études sur les effets à long terme du médicament font défaut, elle préfère suggérer, lorsque cela est nécessaire, d’autres solutions médicales pour la perte de poids, comme le Contrave ou le Xenical. 

«S’il y a des études poussées qui démontrent qu’il n’y a pas d’effets néfastes à long terme et qu’on peut l’arrêter sans tout reprendre [le poids perdu]erais ouverte à le prescrire avec accompagnement par un professionnel. Mais pour l’instant, je ne vois pas l’intérêt», affirme-t-elle.  

Bien qu’elle propose l’Ozempic de temps à autre, Sarah Normandin estime toutefois que ce traitement est loin de convenir à tous.tes «Si la personne n’a pas de problème de satiété, qu’elle n’a pas de rages alimentaires, ce médicament-là [l’Ozempic] ne fonctionnera pas super bien pour elle, explique-t-elle. Au même titre qu’on ne fait pas une chirurgie bariatrique à quelqu’un qui ne mange déjà pas beaucoup: on n’aura pas les résultats escomptés.»  

Si la consultation d’un.e nutritionniste n’est pas obligatoire pour obtenir le médicament, le travail collaboratif entre les différent.e.s professionnel.le.s de la santé est prôné par les nutritionnistes interviewées par Métro.  

«Le travail interdisciplinaire est important. Une bonne évaluation nutritionnelle est nécessaire» avant de prescrire tout traitement pour la perte de poids, pense Sarah Normandin Oui, le service des nutritionnistes peut être coûteux sur le coup, mais comme le médicament coûte quelques centaines de dollars par mois, autant d’abord s’assurer qu’il convienne aux patient.e.s et qu’il donne des résultats, fait-elle valoir. 

Et la santé mentale, dans tout ça?  

Les critères physiques ne sont pas les seuls à être considérés pour obtenir l’Ozempic, nous informe la nutritionniste Claudia Houle, collègue de Mme Normandin, dont l’expertise porte sur le diabète. La souffrance mentale associée à un surpoids peut, à elle seule, justifier la prescription. 

«Si la personne n’a pas de problème de santé physique, mais que son poids élevé affecte son mental, cela peut être une indication pour prescrire [l’Ozempic]» à condition que la personne soit au fait des avantages et inconvénients associés à la prise du médicament, résume Mme Houle. 

Et la prescription peut être obtenue même si l’on souffre de troubles alimentaires – excepté l’anorexie – comme bouée temporaire: «C’est stressant de guérir d’un trouble alimentaire, parce que les nutritionnistes vont t’encourager à manger et tu vas continuer à dépasser tes limites mentales le temps de guérir.»  

La médication – pas nécessairement l’Ozempic – est donc envisagée pour apaiser l’anxiété liée à un sentiment temporaire de perte de contrôle de son apparence, assurent les deux nutritionnistes de chez Référence Nutrition. Dans ce cas-ci, lorsque la relation des patient.e.s avec leur alimentation et leur corps se sera améliorée, l’utilisation du médicament pourra être arrêtée. 

Mme Ayoub-Fawaz approuve aussi cette approche médicale en ce qui a trait à l’utilisation de médicaments qui régulent la faim (autres que l’Ozempic), tout en réitérant qu’un traitement pour perdre de poids ne peut régler un trouble mental.  

La santé avant le poids 

Pendant le traitement, qui consiste en une injection par semaine, il faut s’assurer que le corps a suffisamment de nutriments pour bien fonctionner, et non se fier seulement au sentiment de satiété que le médicament procure. Cela permettra au corps de ne pas stocker davantage de réserves, ce qui favorisera la perte de poids et, surtout, une meilleure santé globale. 

«On dit “perte de poids”, mais ce qui est souhaité avec le traitement, c’est la perte de gras. Quand on perd du poids, surtout rapidement, on perd de la masse musculaire et ce n’est pas une situation souhaitée ni pour la santé» ni pour maintenir un «poids santé» à long terme, précise Claudia Houle.   

Comme l’activité physique fait partie intégrante d’une routine saine et qu’elle est souvent prescrite conjointement avec l’Ozempic, il est d’autant plus important de s’assurer de s’alimenter suffisamment. «Quelqu’un qui mange un ou deux repas par jour ou très peu de calories dans sa journée: bonne chance pour avoir l’énergie pour aller bouger. Ça n’encourage pas le développement de saines habitudes de vie», observe Sarah Normandin.  
 
Claudia  elle-même aux prises avec le diabète de type 1, précise que ses patient.e.s ne sont pas nécessairement encouragé.e.s à aller au gym, mais bien à s’assurer de bouger au quotidienleurs limites personnelles.  

C’est toi ou moi qui en parle? 

Les deux nutritionnistes chez Référence Nutrition indiquent que, dans leur cas, ce sont majoritairement les patient.e.s, et non elles, qui abordent le sujet de l’Ozempic en premier, puisqu’elles ne peuvent pas le prescrire. Les gens se sont récemment fait vanter le produit dans des publicités et l’Ozempic a fait beaucoup de bruit après que des rumeurs au sujet de stars hollywoodiennes prenant ce médicament pour conserver une taille de guêpe ont commencé à circuler. 

Les trois nutritionnistes rappellent qu’elles prônent l’évaluation au cas par cas en misant sur un échange en personne. Claudia Houle et Sarah Normandin mentionnent aussi l’importance de ne pas juger les personnes qui ont réellement besoin du médicament pour leur santé. 

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