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Le cola à l'ère du sans calorie

Depuis quelques années, les boissons gazeuses se retrouvent au banc des accusés quand il est question d’obésité et de malnutrition. Pourtant, loin d’être boudées par la population, les canettes et les bouteilles se multiplient et se diversifient. Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les Coke et les Pepsi allégés, sans sucre ou sans calorie.

Alors que les consommateurs de­vaient hier choisir entre le régulier et l’allégé, au­jourd’hui ce sont les boissons diètes, max, zéro, sans caféine et sans calorie qui se chicanent les parts de marché. Et ce, sans parler des différents formats offerts. Voir se multiplier ainsi toutes ces boissons brunes porte à croire que le con­sommateur en est friand. Pourtant, de­puis 2005, les deux géants de l’industrie, Coke et Pepsi, ont vu leurs produits phare subir année après année des baisses de vente. Cependant, les boissons sans calories, elles, ne cessent de gagner du terrain. Mais les sodas réguliers demeurent en grande majorité les favoris des consommateurs.

Le souhait de l’industrie est justement que les gens se tournent vers des breuvages moins nocifs pour la santé. «Les dirigeants de ces compagnies sont des pères et des mères de famille et ils voient ce qui se passe dans la société. Ils savent bien que, dans 5 à 10 ans d’ici, ils ne feront plus d’argent parce que leur clientèle sera en train de mourir de diabète de type II ou de problèmes cardiovasculaires. Alors, il est clair qu’ils veulent changer les choses», croit Jordan Lebel, professeur agrégé en marketing alimentaire à l’Université Concordia.

Quand le Coke Diet a été lancé en 1982, il n’a enlevé que 1 % des parts de marché au Coca-Cola Classique. Aujourd’hui en­co­re, seulement 30 % des boissons Coca-Cola vendues en Amérique du Nord sont diètes ou sans calorie. Toutefois, la compagnie espère que les boissons allégées représenteront 50 % des ventes d’ici 2020, selon un récent article du quotidien Toronto Star. Les chiffres sont similaires du côté de Pepsi.Mais ces sodas, qui se veulent moins nocifs pour la santé, sont-ils réellement un meilleur choix pour le consommateur?

Selon le nutritionniste Jonathan Fontaine, une personne qui troque son Coke contre un Coke sans calorie, sans rien changer d’autre à son alimentation, perdra cinq livres au bout d’une année. «Pour la majorité des personnes qui consomment l’équivalent d’une canette de boisson sans calorie par jour, les risques de développer des problèmes de santé liés à ça sont vraiment minimes», croit-il. Même son de cloche du côté de Stéphanie Côté, nutritionniste pour le portail web de l’Université de Montréal, Extenso, mais avec un bémol. «Il y a moins de risques à con­sommer une boisson ga­zeuse sans calorie, mais il n’y a pas plus d’avantage non plus.»

Malgré ce constat, pourquoi les consommateurs ne sont-ils pas plus nombreux à se tourner vers ces produits? «Là où ça coince, c’est au niveau du goût, selon Jonathan Fontaine, nutritionniste. Les édulcorants ont des saveurs qui reproduisent à peu près celle du sucre, mais avec un arrière-goût plus ou moins intéressant.» «Le test des papilles est un défi de taille, indique Jordan Lebel, professeur agrégé en marketing alimentaire à l’Université Concordia. Si le goût est trop différent du produit traditionnel, toutes les raisons rationnelles de le consommer ne seront pas suffisantes pour convaincre le consommateur d’acheter le produit.»

Le professeur croit néanmoins que les ventes de boissons allégées continueront à connaître des hausses plus importantes que celles des boissons brunes traditionnelles. «Outre l’augmentation de l’obésité, le vieillissement de la population contribuera à faire augmenter les ventes, croit-il. En vieillissant, les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux arguments santé.»

Un côté plus «santé»
Les compagnies comme Coca-Cola et Pepsi travaillent d’arrache-pied pour se conformer aux réalités d’aujourd’hui. En 2009, Coca-Cola a donc lancé la cannette de 7,5 oz à 90 calories. Et d’ici 2011, la compagnie s’engage à afficher clairement la valeur énergétique sur tous ces produits.

«Des initiatives qu’on ne peut pas dissocier des problèmes de santé publique», croit Jordan Lebel, professeur agrégé en marketing alimentaire à l’Université Concordia. Mais ces résolutions peuvent aussi avoir un côté pervers.

«Il y a des chiffres magiques. Quand c’est en dessous de 100 calories, les gens ont l’impression que c’est santé, alors que ça demeure du soda, soit une boisson avec une qualité nutritionnelle très faible», note le nutritionniste Jonathan Fontaine.

Le Zero n’est pas du diète!
La différence entre le Coke diète et le Coke Zero? Une question de marketing. À la base, le Coke Zero, avec son habillage noir, a été lancé dans l’espoir de toucher le marché des jeunes hommes : plus précisément, celui des jeunes hommes urbains qui font attention à leur ligne.

Trop associé à la femme, le Diète éloi­gnait la gent masculine, trop virile pour boire de l’allégé. Ce n’est certainement pas un hasard si le Coke Zero s’est associé à des événements comme les courses NASCAR et à des films d’action et de science-fiction, notamment à Avatar et au dernier James Bond, Quantum of Solace.

Le marketing semble avoir atteint sa cible puisque près de 60 % des buveurs de Coke Zero de 16 à 24 ans sont des hommes. Et qu’on se le dise, le Coke Zero n’est pas du Coke diète!


Le point sur les édulcorants

Qu’en est-il de l’aspartame, ce faux
sucre longtemps accusé d’être cancérigène et qui constitue le principal
ingrédient des boissons gazeuses sans calorie?

«Certaines personnes ont
peur de l’aspartame parce qu’on sait qu’en très grande quantité, il
peut avoir des effets nocifs sur la santé, soutient le nutritionniste
Jonathan Fontaine. Mais il est connu depuis assez longtemps et, au
Canada, les normes sont strictes.»

Il n’y a donc aucun pro-blème avec
les produits sucrés avec des édulcorants? «Le hic, avec les boissons
diètes, c’est qu’elles goûtent sucrées, confesse le nutritionniste. Pour
les personnes qui veulent assouvir leur envie de sucre, le fait de
prendre ces produits va entretenir cette envie de façon artificielle, au
lieu de la calmer.»

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