Montréal ne peut passer à côté d’un concours de design pour la nouvelle marquise de la Plaza Saint-Hubert. C’est incontournable.
Pourquoi? Parce que la Ville a consacré jusqu’ici beaucoup d’énergie pour réfléchir à la reconfiguration de l’artère commerciale, qui doit faire l’objet de sérieux travaux souterrains. La réflexion se sera étalée sur presque cinq ans, en compagnie de l’arrondissement, de résidants, de commerçants et de firmes de design, ce qui aura abouti à des résultats convaincants : élargissement des trottoirs, bonification des plantations, élimination de la moitié des places de stationnement, sécurisation des intersections… Bref, la Ville a fait un travail irréprochable.
Il reste cependant un point crucial à considérer: l’emblématique marquise. Cette dernière, devenue la signature de la Plaza, sera entièrement remplacée par une version plus contemporaine et moins massive, qui permettra une mise en valeur des édifices. Une bonne idée en soi.
Cela dit, les images du concept préliminaire de cette nouvelle mouture laissent présager un triste produit dérivé de la marquise actuelle, comme s’il n’y avait pas d’autres options à explorer.
À quoi sert le Bureau du design de la Ville si on ne saisit pas des occasions aussi significatives dans l’espace public, si on ne parvient pas à faire rayonner nos concepteurs pour une installation qui marquera autant le paysage urbain au cours des prochaines décennies?
On ne doit pas changer quatre trente sous pour une piastre. Sans tomber dans la «gadgetisation», la marquise pourrait servir à beaucoup plus qu’un abri tempo contre la pluie et la neige. Pensons à l’agriculture urbaine à la verticale, à la collecte des eaux pluviales pour les plantations, à une signature lumineuse pour la vie nocturne, à l’harmonisation de la marquise avec le mobilier urbain…
Et pourquoi privilégier une structure d’acier? Pourquoi ne pas évaluer l’agencement avec d’autres matériaux, comme le bois, pour rendre le tout plus chaleureux et durable? On n’a qu’à étudier divers modèles à l’étranger pour constater que les possibilités sont aussi nombreuses que diversifiées.
Avec une facture qui s’élèvera à 22M$ (44% du budget de réaménagement), la nouvelle marquise devra devenir un symbole de fierté, voire identitaire, pour Montréal, plutôt qu’un sujet de débat comme c’est le cas depuis les années 1980.
Un concours de design, ouvert à l’ensemble des designers et des architectes québécois, favoriserait une réflexion transparente et collective qui permettrait l’émergence d’idées, de formes et de fonctionnalités peut-être encore insoupçonnées.
À quoi sert le Bureau du design de la Ville si on ne saisit pas des occasions aussi significatives dans l’espace public, si on ne parvient pas à faire rayonner nos concepteurs pour une installation qui marquera autant le paysage urbain au cours des prochaines décennies?
Il est encore temps d’agir.