Pour se lancer en affaires, il faut plus qu’une bonne idée. Sans argent ni accès traditionnel au crédit, l’emprunt communautaire est une piste à explorer. Yvette Ndayizeye et Nenita Mariano sont deux Montréalaises qui ont pu bâtir leur entreprise grâce aux prêts de l’ACEM (Association communautaire d’emprunt de Montréal). Elles témoignent.
Une montagne de petites formules
Les paninis sont à 4 $ ou 5 $, les pitas, à 4 $, et les sandwichs, à 3 $. C’est un service de restauration à petit prix pouvant convenir aux moyens d’un quartier défavorisé. Yvette Ndayizeye a de grandes aspirations. Ce n’est pas pour rien qu’elle a donné le nom de Montagne Kilimandjaro à son café-resto, situé dans la maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord et ouvert l’année dernière. «C’est la montagne la plus haute en Afrique. J’aime l’idée de monter au sommet», dit cette native du Burundi qui habite Montréal-Nord depuis une douzaine d’années.
Ayant fui un pays en guerre, elle n’avait même pas un diplôme d’études secondaires en arrivant ici. Elle s’est inscrite au Centre Louis-Fréchette de Montréal-Nord pour terminer ses études secondaires en 2009. Puis, elle a obtenu son diplôme d’études professionnelles en cuisine d’établissement à l’école d’hôtellerie Calixa-Lavallée. «Je cherchais tout le temps à créer quelque chose. Je suis quelqu’un qui aime l’entrepreneuriat», explique-t-elle. Mme Ndayizeye a alors entendu parler du projet de café à la maison culturelle de Montréal-Nord. Elle a immédiatement commencé ses démarches.
Le Carrefour Jeunesse-emploi l’a aidée à composer un plan d’affaires. Ce document en main, elle a reçu une subvention du Centre local de développement de Montréal-Nord, de même qu’un petit prêt de l’ACEM pour lancer son projet. «Le montant que j’ai demandé à l’ACEM était inférieur à 5 000 $ parce que je me suis dit que je commencerais petit, sans une grosse dette.» Elle a encore deux ans pour rembourser sa dette. La Montagne Kilimandjaro offre également des services de traiteur.
Montagne
Kilimandjaro Café – Resto
12004, boul. Rolland
514 328-4000, poste 5646
Persistance de l’esprit
Nenita Mariano aime travailler de façon indépendante. C’est qu’une collaboration d’affaires l’a laissée criblée de dettes. «J’ai perdu mon temps, mon local et mon argent, énumère-t-elle. J’aime relever des défis.» Avec l’équipement de base, dans un local pas trop cher, son salon de beauté, La Nesamarie, était lancé. Au fil du temps, Nenita a souhaité multiplier ses services pour rendre son salon plus rentable. Toutefois, elle n’avait pas de moyens. Son premier échec lui avait valu une mauvaise cote de crédit qui l’empêchait d’emprunter à la banque.
C’est là que l’ACEM est entrée en scène. Auprès d’elle, elle a obtenu un prêt de moins de 10 000 $ qui lui a permis de mieux équiper son salon et de suivre une formation pour la pose d’ongles. Elle a renouvelé le prêt qu’elle a contracté en 2007 une fois, mais elle a presque tout remboursé maintenant. «Les gens de l’ACEM sont sympas, se réjouit-elle. Ils comprennent quand on a un problème, et on peut faire les paiements à notre rythme.» Aujourd’hui, La Nesamarie offre une gamme complète de services de coiffure, des soins corporels, l’épilation à la cire et la pose d’ongles. Mme Mariano travaille uniquement sur rendez-vous parce qu’elle favorise un service personnalisé.
La Nesamaria
Salon de Beauté
1650, boul. de Maisonneuve Ouest (La Pierce)
514 932-0244
L’ACEM en chiffres
L’ACEM peut prêter jusqu’à 20 000 $. L’ensemble des 280 entreprises, coopératives et organisations communautaires qu’elle soutient a généré plus de 20 M$ en activité économique et a contribué à la création et au maintien de près de 1 200 emplois.
Comment ça fonctionne?
Les 500 000 $ de capital de prêt proviennent d’investissements éthiques réalisés par la communauté et le secteur privé.
Quel est l’avantage?
L’ACEM offre un soutien technique et personnalisé tout au long de la période de remboursement.