L’endométriose touche des millions de femmes, plus précisément de 5 à 10 % de celles qui sont en âge de procréer. Affection encore méconnue, elle peut être à ce point handicapante qu’une Américaine de 31 ans s’est suicidée en juin, incapable de supporter plus longtemps les douleurs chroniques que provoque l’endométriose.
L’actrice Lena Dunham en a eu la preuve quand elle a partagé une photo sur le sujet sur Instagram l’année dernière: beaucoup de femmes souffrant comme elle d’endométriose ont salué son initiative, soulignant le manque d’information sur cette affection. D’autres célébrités – Susan Sarandon, Whoopi Goldberg et Hillary Clinton, notamment – se sont aussi ouvertes à ce sujet ces derniers temps.
Métro s’est entretenu avec une endocrinologue américaine, spécialiste de l’infertilité, Jane Frederick, pour démystifier cette maladie.
Qu’est-ce que l’endométriose?
«L’endométriose est une maladie qui se caractérise par la formation dans la cavité pelvienne de tissus composés de cellules provenant de l’intérieur de l’utérus», explique-t-elle. L’endomètre commence ainsi à se former ailleurs dans le corps et peut, par exemple, bloquer les trompes de Fallope.
«C’est l’une des causes les plus fréquentes d’infertilité», ajoute la Dre Frederick, expliquant que si les trompes de Fallope sont bloquées, les spermatozoïdes ne peuvent plus féconder un ovule. Souvent, continue-t-elle, l’infertilité est le seul symptôme, et les femmes ne savent pas qu’elles sont atteintes jusqu’à ce qu’elles tentent de fonder une famille.
Les menstruations douloureuses sont aussi un symptôme. «L’endométriose peut aussi entraîner la formation de kystes sur les ovaires, qui sont très douloureux lorsqu’ils éclatent.»
Il ne s’agit pas d’une maladie transmise sexuellement et il n’y a rien à faire pour l’éviter, avertit la Dre Frederick; c’est une question de génétique.
«L’endométriose est traitable. J’encourage les femmes à lire davantage à ce sujet.» – Jane Frederick, endocrinologue et spécialiste de la fertilité
Comment traiter les symptômes de l’endométriose?
Selon Jane Frederick, il existe trois traitements qui peuvent atténuer les symptômes causés par l’endométriose. D’abord, une intervention chirurgicale – la laparoscopie – permet d’enlever les cellules qui se sont formées à l’extérieur de l’utérus. La pilule anticonceptionnelle peut aussi éliminer le problème: «Les hormones qui stimulent l’endométriose cessent d’être en activité», dit la spécialiste. Enfin, les patientes peuvent choisir de prendre un médicament – le Lupron – qui réduit la quantité d’œstrogènes produits par l’organisme.
«Le traitement le plus facile est de prendre des anovulants, croit-elle. En plus, ça permet d’éliminer la douleur des menstruations, qui est aussi un symptôme courant de l’endométriose.» Elle recommande néanmoins de bien analyser les trois options avec un spécialiste avant de prendre une décision.
Dans certains cas, il n’y a pas lieu de recourir à un traitement. Celles qui ne souffrent d’aucune douleur et qui n’ont pas de problème à tomber enceinte – ou qui n’en ont pas l’intention – n’ont rien à gagner à suivre l’un de ces traitements, affirme-t-elle.
L’endométriose et la grossesse
Même si l’endométriose est l’une des principales causes d’infertilité, les patientes qui en sont atteintes peuvent quand même tomber enceinte, estime la Dre Frederick. Si des problèmes surviennent, elle suggère de consulter un spécialiste. «Souvent, je peux réparer les trompes de Fallope si elles ont été endommagées durant la laparoscopie, souligne-t-elle. Et si l’endométriose est sévère, je peux procéder à une fécondation in vitro.»
Plus d’info sur le site de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada: infoendometriose.ca