À table

La rentrée des étudiants autochtones

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La Semaine autochtone Mitig de l’Université de Montréal a lieu du 9 au 13 septembre 2019.

Les universités montréalaises se sont récemment dotées de programmes et de services destinés aux étudiants issus des communautés autochtones. Survol d’une vague de conscientisation aux cycles supérieurs.

À la suite d’un concours, les étudiants autochtones de l’Université du Québec à Montréal ont choisi de nommer le nouveau local qui leur est réservé «Niska», qui signifie outarde en langue atikamekw. Comme des oiseaux migrateurs, ces universitaires viennent en effet se poser en hiver pour ensuite s’envoler et rentrer chez eux au printemps.

Au moment de mettre en œuvre sa politique d’inclusion, l’UQAM s’est inspirée de services déjà offerts dans son réseau, notamment à Chicoutimi et en Abitibi. «L’idée de départ était de faire en sorte que les étudiants jouissent d’un lieu sécurisant où ils peuvent se retrouver entre eux», indique Josée Fortin, directrice des services à la vie étudiante à l’UQAM. Depuis un an, le local met à la disposition des élèves autochtones quatre postes de travail et un espace où manger et causer pendant les pauses.

Un étudiant travaille également à temps partiel pour répondre aux questions de ses camarades et prêter des manuels de référence. Ils peuvent aussi visiter sans rendez-vous le bureau d’Alexandra Lorange, conseillère à l’accueil et à l’intégration de la communauté autochtone, qui sera de retour à son poste cet automne.

Accompagnement

Allan Vicaire est l’homologue de Mme Lorange à l’Université McGill. Membre de la communauté micmaque, il dirige la Maison des Premières Nations (First People’s House) et guide, avec deux employés, les étudiants autochtones parmi les différents services qui leur sont offerts, de l’application à des bourses à l’inscription à des activités socioculturelles, en passant par le choix de cours et la recherche de logement.

Selon lui, le déracinement est la plus grande épreuve qu’ils ont à traverser. «Pour les arrivants de Kahnawake, près du pont Mercier, la transition se fait plus facilement que pour ceux qui sont originaires des communautés du Nord. Vous pouvez imaginer la perte de repères lorsqu’ils passent de leur village natal à une métropole comme Montréal. S’adapter à l’environnement urbain signifie aussi perdre l’accès à des denrées familières comme le caribou, le phoque ou les baies sauvages», explique Allan Vicaire.

La Maison des Premières Nations peut héberger jusqu’à sept personnes. Piliers dans les cultures autochtones, les aînés, les professeurs et les mentors se joignent aux élèves dans une série d’initiatives culturelles. Ils partagent les savoirs, qui sont de la cuisine traditionnelle à l’herboristerie, en passant par les rites spirituels.

Rassemblement

Les services en santé mentale sont adaptés. Dans des ateliers réguliers semblables à l’art-thérapie, les étudiants ont l’occasion de confectionner des habits traditionnels et de pratiquer le perlage en groupe. Cet art ancestral fait aussi partie des activités offertes par l’UQAM. Tout en enfilant les perles, les élèves tissent des liens. Plusieurs activités culturelles et des occasions de réseautage avec des employeurs sont aussi prévues, notamment des conférences avec des diplômés autochtones de l’UQAM. «Ils partagent les moments difficiles qu’ils ont vécu pendant leurs études et offrent du soutien précieux aux étudiants en se montrant très disponibles», décrit Josée Fortin.

Depuis ses années comme étudiant universitaire, Allan Vicaire observe un changement de mentalité dans les rencontres de personnel et la prise de décision au sein de l’institution: «La Commission de vérité et de réconciliation du Canada a ouvert les yeux de nombreux membres du personnel sur les manières d’augmenter la présence autochtone sur le campus grâce à des symboles et des manifestations, jusque dans l’architecture et l’urbanisme, bien plus que je ne l’aurais jamais cru pendant mes études.»

Cette vague de conscientisation a aussi permis à l’UQAM de recevoir une subvention dégressive du ministère québécois de l’Éducation, ce qui veut dire qu’une importante somme d’argent est déboursée la première année, puis que l’institution procède à une prise en charge graduelle. Toutefois, après cette première injection de fonds, «il faut se donner les moyens et préserver notre volonté de rendre ce projet pérenne, et d’arrimer ces nouveaux espaces de discussion autochtones à la vie étudiante en général», soutient Josée Fortin.

«C’est une maison loin de la maison, dans l’immense écosystème de l’université, au sein duquel les étudiants peuvent se sentir dépassés. Avoir un espace comme celui-ci leur permet de retrouver un sens d’appartenance, de communauté, un chez-soi.»Allan Vicaire, directeur de la Maison des Premières Nations de l’Université McGill

La fameuse question de l’intégration est une question d’éducation pour Allan Vicaire. Il recommande à ceux qui désirent être plus inclusifs en la matière de se poser ces questions : «La voix autochtone est-elle présente? Qu’est-ce qu’elle pourrait ajouter à la conversation? Tous les citoyens peuvent s’impliquer dans le processus de réconciliation et de guérison, en commençant par faire des recherches en fonction de leurs intérêts.»

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