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La dyslexie, un trouble mental?

La grogne des parents et des acteurs du monde de l’éducation, qui craignent l’effet d’un projet de loi trans­for­­­mant les troubles d’apprentissage en troubles mentaux, aura été entendue. Après avoir contesté le projet de loi 21 visant à encadrer la pratique des professionnels du secteur de la santé mentale, les acteurs du monde de l’éducation ont finalement été consultés.

Ce projet de loi provincial devait entrer en vigueur avant 2012. L’Office des professions du Québec et un comité composé d’ordres de professionnels ont rédigé un guide explicatif de cette loi qui avait commencé à circuler en décembre.

Or, quelques lignes du document de 80 pages auront suffi à créer une polémique et à repousser l’entrée en vigueur de la loi.

Selon ce guide, les troubles d’apprentissage, dont la dyslexie, sont considérés comme des troubles mentaux. Cela aurait pour conséquence de transférer l’évaluation des élèves à des membres d’ordres professionnels, surtout issus du milieu de la santé, tels que les médecins, les psychologues, mais également les orthophonistes.

«Pour des raisons historiques, le système des ordres régulant la pratique s’est surtout répandu dans la santé, mais pas dans l’éducation», indique Julien Prud’homme, historien des professions de santé et, professeur associé au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie de l’UQAM.

En privilégiant les ordres, les acteurs de l’éducation sont relégués au second plan, notamment les orthopédagogues, pourtant spécialistes des troubles d’apprentissage. Par ailleurs, ce ne sont pas tous les psychologues qui sont spécialisés dans les troubles d’apprentissage.

Cette mesure causerait éga­­­le­ment un préjudice aux enfants en leur accolant une étiquette négative, soutient Alexandra Bédard, dont la fille de 14 ans est dyslexique.

Au-delà de l’aspect stig­ma­­tisant, les parents se deman­dent aussi qui paiera la facture si la consultation d’un psychologue, jusque-là optionnelle, devient obligatoire.

 «Un tel transfert mènerait à une médicalisation de l’évaluation, ce qui pourrait conduire à une privatisation, car, bien souvent, les psychologues travaillent dans des cabinets privés», explique M. Prud’homme.

«Qui va payer pour ça? Se demande Mme Bédard. Un diagnostic d’un psychologue, c’est 1000$, aux frais des parents.»

L’ordre des psychologues, tout comme les autres participants à la rédaction du guide explicatif, refuse de commenter le dossier d’ici la publication finale du document. L’Office des professions du Québec n’a d’ailleurs pas voulu confirmer que les troubles d’apprentissage seront considérés comme troubles mentaux dans cette version finale.

Projet de loi 21

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