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Les Québécois ne draguent plus

Si la rencontre entre Roméo et Juliette avait eu lieu dans le Québec d’aujourd’hui, l’histoire ne se serait pas conclue par le suicide des amoureux, mais bien par la mort de Juliette, tombée en hypothermie sur son balcon pour avoir atten­du en vain l’élu de son cÅ“ur.

De fait, les Québécois sont de piètres séducteurs, selon Jean-Sébastien Mar­san et sa collègue Emma­nuelle Gril. Leur essai Les Québécois ne veulent plus draguer et encore moins séduire paraîtra le 8 septembre prochain. Métro a rencontré l’un des deux auteurs, Jean-Sébastien Marsan.

Quelle est la thèse du livre?
Au cours de notre enquête, nous avons constaté que les Québécois savent comment séduire, mais qu’ils ne veulent plus le faire. Les hommes sont timides et craignent le rejet. Les femmes, quant à elles, sont très exigeantes. Elles n’hésiteront pas à rejeter celui qui ne correspond pas à l’idéal du prince charmant. On ne semble pas comprendre que la séduction ne doit pas mener obligatoirement à un engagement amoureux ou à une relation sexuelle. On peut répondre à la courtoisie ou être séducteur pour le simple plaisir de discuter sans aller plus loin.

Pourquoi les Québécois ont-ils cessé de séduire?
Plusieurs facteurs ont pu contribuer à ce phénomène. Notre société est devenue plus individualiste, ce qui ne favorise pas les rencontres. En outre, l’omniprésence de la pornographie offre un modèle qui fait fi de la séduction. À cela s’ajoute le féminisme, qui a
chamboulé les rapports hommes-femmes.

Ces caractéristiques sociales sont aussi présentes en Europe. Pourquoi, à votre avis, agissons-nous différemment des Européens?
Le mouvement féministe a été beaucoup plus fort chez nous. Il a imposé l’égalité des sexes en dogme, écartant toutes les règles de la séduction où il faut un séducteur et une personne qui se fait courtiser. L’histoire politique, avec nos deux échecs référendaires, n’aide pas. Les Français et les Américains ne se questionnent pas sur leur identité. Les Québécois semblent plus hésitants, et ça se répercute sur leur vie privée.

Comment s’est passée votre collaboration avec Emmanuelle Gril?
Je n’aurais pas voulu faire ce travail seul. Emmanuelle m’a aidé à comprendre le point de vue féminin. Elle avait plus de facilité à recueillir les confidences des femmes. À l’inverse, les hommes étaient plus à l’aise d’aborder certains sujets avec moi.
    
Aux Éditions de l’Homme

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