Supposons qu’en marchant dans la jungle, vous et votre psychologue apercevez tout à coup un lion. Que faites-vous? Vous pouvez fuir, courir vers le lion (après tout, les psychologues ne disent-ils pas qu’il faut affronter nos peurs?) ou vous assurer de courir plus vite que votre psychologue. Si vous choisissez la dernière option, ayez de bonnes chaussures!
Face à la mort : écoutez vos craintes
Face à un lion, le choix serait assez simple. Votre alarme interne retentirait à tue-tête, et vous feriez tout ce qu’il faut pour survivre. Vous vous mettriez à courir le plus vite possible. Si vous étiez coincé, vous attraperiez une pierre ou une branche et vous tenteriez de vous défendre. Il s’agit de la réaction de lutte ou de fuite. Elle est instinctive chez tous les animaux qui se sentent menacés. Qu’il s’agisse d’un écureuil ou d’un être humain, le processus est le même. C’est pour cela que nous ressentons de l’anxiété et des craintes. Ces émotions servent à nous protéger. Par conséquent, il est bon d’écouter nos anxiétés. Personne, pas même un psychologue, ne vous dira de courir vers un lion ou un autre danger réel!
Face au malaise : n’écoutez pas vos craintes
Qu’en est-il si vous craignez le dentiste, ou les ascenseurs, ou le fait de parler devant une classe? Faut-il alors «écouter» vos anxiétés et éviter ce qui vous fait peur? Eh bien, si vous choisissez l’évitement, vous vous sentirez certainement plus en sécurité, mais vous aurez du mal à fonctionner. Vous devrez vous assurer de ne jamais avoir de maux de dents, par exemple. Ou alors, vous pourriez devoir quitter votre emploi, ou abandonner vos études. Dans ce type de situation, l’anxiété vous contrôlerait davantage qu’elle vous protégerait.
Alors, que faire? Faut-il écouter nos craintes ou les affronter? Ça dépend. Il faut d’abord déterminer si nos anxiétés sont légitimes ou exagérées. La différence entre un lion et un ascenseur, c’est que le premier risque fort de vous tuer, et l’autre, non. Éviter un danger réel, en fuyant devant un lion par exemple, nous protège. Par contre, éviter un danger imaginaire, comme un ascenseur, nous nuit.
Plus nous évitons un danger, réel ou non, plus effrayant il nous paraîtra. C’est pourquoi les phobies ont tendance à empirer avec le temps. La seule façon de renverser la vapeur, c’est de traiter les dangers imaginaires différemment des dangers réels. Nous ne devrions jamais affronter la mort inutilement. Éprouver un malaise en faisant quelque chose qui nous stresse, par contre, n’est pas mortel. Nous rappeler que les craintes exagérées ou irrationnelles ne sont qu’une source de malaise, et non de danger, nous aidera à les surmonter.