Du 25 au 27 septembre, médecins généralistes et spécialistes assisteront aux Entretiens de Bichat à Paris, pour faire un état des lieux de la santé d’aujourd’hui. Le docteur Claire Jeandel, pédiatre, gynécologue et endocrinologue au CHU Arnaud de Villeneuve à Montpellier interviendra sur la contraception à prescrire à une adolescente. Plus de 50% d’entre elles arrêtent la pilule dans les trois premiers mois, quand seulement 38% sont sous contraceptif lors de leurs premiers rapports sexuels. Avis et conseils.
Quel contraceptif est le mieux adapté à une adolescente?
Une pilule classique de deuxième génération en première intention. Elle permet d’éviter le risque trombogène. Il faut rappeler que la pilule reste un médicament. Il existe un bénéfice à en tirer. Elle doit être efficace d’autant que l’activité des ovaires entraîne une forte fertilité, la plus importante dans la vie d’une femme. Elle est alors âgée entre 18 et 20 ans.
À partir de quel âge la pilule est-elle prescrite aujourd’hui?
On est parfois confronté à un public très jeune, qui fait face à une puberté précoce. Ces jeunes filles ne sont âgées que de 12 ou 13 ans. Elles sont effectivement fertiles, peuvent être déjà réglées et, si elles ont déjà une activité sexuelle, ce que je ne leur conseille pas, nous nous devons de relayer une information contraceptive. Quoi qu’il en soit, la première consultation pour la prescription d’une pilule est primordiale. Le médecin doit informer sa patiente des possibles effets secondaires, tels que les nausées, la prise de poids, les douleurs au ventre et les spotting (perte de sang, NDLR). Le suivi est aussi très important. Une prise de sang doit absolument être réalisée 3 à 6 mois après la première plaquette. Et l’examen gynécologique s’impose aussi à cette période si la patiente a déjà des rapports sexuels.
Les pilules de 3e et 4e générations ont suscité la polémique entre la fin 2012 et le printemps 2013. Sont-elles à proscrire à une adolescente?
Cette polémique a été créée suite à une déviance de l’utilisation de ces médicaments. On connaissait les risques depuis longtemps. Ce n’était pas nouveau. Celles de la 3e et 4e générations doivent être prescrites lors d’une mauvaise tolérance de la pilule 2e génération.
Pourquoi le contraceptif prescrit à une adolescente peut-il être différent de celui d’une femme d’âge mûr?
La patiente plus mûre a des ovaires moins fonctionnels. La vigilance est moins accrue que pour une adolescente. La contraception peut être moins dosée. Ceci dit pour une adulte, la pilule doit disposer d’un bon dosage pour éviter certains soucis et ne pas développer des problèmes aux seins, par exemple.
De plus en plus de voix s’élèvent contre la pilule qui serait responsable des difficultés que certaines jeunes femmes rencontrent pour tomber enceintes. Est-ce vrai? Que répondez-vous à vos patientes qui vous posent la question?
Aucune étude ne le prouve. C’est un fantasme. On dit qu’on va bloquer les ovaires avec la pilule. Mais c’est faux. De nombreuses patientes me demandent aussi si la contraception retardera l’arrivée de la ménopause. La période arrivera bel et bien dans les mêmes délais. Cela ne change rien.
Ces dernières années, le patch contraceptif a aussi beaucoup fait parler. Dans le futur, les adolescentes adopteront-elles une nouvelle génération de contraceptif?
Non, il existe peu de recherches sur ce sujet. À l’inverse, beaucoup d’études sont réalisées sur la contraception masculine. Car il y a un élément de la contraception qui est crucial à retenir : l’acte sexuel et donc la contraception qui s’impose doit être partagée des deux côtés.