Depuis la parution de son livre Jardinier-maraîcher: manuel d’agriculture biologique sur petite surface, Jean-Martin Fortier est devenu une référence en matière de maraîchage biologique. Pour conserver ce titre, il réédite son manuel.
En 2011, Jean-Martin Fortier a délaissé ses champs pour prendre la plume. Pendant un an et demi, il s’est consacré à l’écriture du Jardinier-maraîcher: manuel d’agriculture biologique sur petite surface. Quatre ans et 40 000 exemplaires vendus partout dans le monde plus tard, le fondateur – avec sa conjointe, Maude-Hélène Desroches – des Jardins de la Grelinette, installés depuis 2005 à Saint-Armand, dans les Cantons-de-l’Est, propose une nouvelle édition revue et augmentée de son manuel, devenu un incontournable pour quiconque souhaite se lancer dans l’agriculture biologique.
Pourquoi avez-vous décidé d’écrire Le jardinier-maraîcher à l’origine?
À l’époque, je travaillais avec Équiterre à faire du mentorat auprès de fermes en démarrage, et je remarquais que des fermes qui avaient deux, trois ou quatre années de production n’obtenaient pas les mêmes résultats que la nôtre en termes de productivité. Je me suis alors demandé ce que nous faisions de différent. Par exemple, nous n’utilisions pas de tracteur, ce qui expliquait beaucoup de choses. Je me suis donc mis à coucher sur papier nos méthodes de travail et j’ai eu envie de les partager avec le plus grand nombre de personnes possible, parce que je crois qu’il faut multiplier les fermes de petite surface au Québec. Elles peuvent nourrir leur communauté.
Pourquoi avec-vous décidé d’offrir une réédition trois ans seulement après la première parution du manuel?
J’ai commencé à écrire Le jardinier-maraîcher en 2011, et depuis, les choses ont évolué très vite sur ma ferme et sur le marché. De plus, j’ai donné beaucoup de conférences durant cette période, et ça m’a permis de constater qu’il y avait des aspects de ma démarche qui étaient plus difficiles à comprendre pour certains. Les gens me disaient aussi qu’ils aimeraient voir des photos de ma ferme. Nous en avons donc ajouté dans la nouvelle édition, ainsi que de nouveaux cultivars, de nouveaux outils. J’ai découvert par exemple une nouvelle récolteuse à mesclun, inventée par un garçon de 18 ans du Kentucky, qui me permet de travailler cinq heures de moins par semaine.
«Les gens qui lisent mon livre ne vont pas tous devenir des jardiniers- maraîchers, mais ils vont probablement être sensibilisés à l’idée d’acheter auprès de petits producteurs.» – Jean-Martin Fortier
Qu’est-ce qui a le plus changé dans le monde de l’agriculture biologique depuis la première édition de votre livre?
Il y a un engouement pour l’agriculture biologique au Québec ces dernières années. Le «buzz» existe depuis plus longtemps aux États-Unis et est en train d’arriver ici. Dans les cours sur l’agriculture bio où on comptait jadis 6 personnes, on en retrouve maintenant 60! Les jeunes s’intéressent de plus en plus au fait de bien manger.
Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaite se mettre à l’agriculture biologique?
Je lui dirais d’abord de lire mon livre pour avoir une vue d’ensemble de ce que ça implique. Je lui dirais aussi d’aller passer une saison ou même deux avec un maraîcher chevronné, pour voir s’il aime vraiment ça. Et enfin, il devrait se demander s’il a la fibre entrepreneuriale.
Peut-on appliquer les principes de votre livre à l’agriculture urbaine?
Bien sûr. L’essence de mon propos est d’apprendre à travailler la terre sur des espaces restreints. C’est donc tout à fait approprié pour l’agriculture urbaine.
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À l’écran
Un documentaire se prépare sur les façons de faire à la ferme des Jardins de la Grelinette. Le réalisateur québécois Olivier Asselin a passé l’été auprès de Jean-Martin Fortier afin de mettre en images ses outils et ses techniques de production maraîchère à échelle humaine. «Ça sera comme le livre, mais en images», décrit le jardinier-maraîcher. Le kit du jardinier-maraîcher paraîtra en 2016.
Éditions Écosociété