Cette année, pour la première fois de son histoire, le festival Omnivore mettait une ville à l’honneur. Et c’est Montréal qui a été la vedette du Omnivore World Tour Paris de la jeune cuisine, qui s’est tenu du 6 au 8 mars à la Maison de la Mutualité, dans le 5e arrondissement de Paris.
Charles-Antoine Crête du Montréal Plaza, Marc-Alexandre Mercier de l’Hôtel Herman, John Winter Russel du Candide, Patrice Demers de Patrice Pâtissier, Alexandre Cruz et Cyril Gonzales de Société Orignal, Fabien Maillard du Lab, et Jean-François Archambault de La Tablée des chefs ont tenté, chacun à leur manière, de faire découvrir aux Parisiens leur univers, avec le dynamisme qui caractérise la gastronomie québécoise.
Cette dernière est, selon Luc Dubanchet, créateur d’Omnivore, libre et empreinte d’une magnifique folie. Assis dans la grande salle de la Maison de la Mutualité entre deux démonstrations culinaires de la Scène Salée, M. Dubanchet se souvient d’être tombé amoureux de Montréal dès sa première visite, il y a plus de cinq ans. Ses yeux pleins d’étoiles ne mentent pas. Il a senti qu’il y avait quelque chose d’unique qui se passait dans les nombreux restos de la métropole.
«Tout est possible à Montréal, on ne dit pas non à Montréal, souligne-t-il. Je voyage partout dans le monde et je n’ai pas vu de territoire aussi libre. Il y a beaucoup de jeunes restos. Montréal est un vrai laboratoire. Les rapports humains y sont simples, alors qu’ici, les Français ne disent jamais vraiment les choses…»
C’est donc pour toutes ces raisons que, depuis cinq ans, son Omnivore Tour s’arrête dans la métropole québécoise. Mais cette année, il avait envie que tout Paris découvre ce qui l’avait charmé chez nous.
Le public n’aura pas été déçu, car le premier Québécois à s’exécuter sur scène a été Charles-Antoine Crète, qui, au lieu de préparer un plat sur scène, a proposé une conférence sur le temps. Celle-ci s’est ouverte avec une vidéo déjantée où une mascotte de coq faisait visiter le Montréal Plaza. Sur scène, le chef a expliqué, avec son «accent à couper au couteau» – comme l’a décrit l’animateur Sébastien Demorand –, comment le temps avait été important dans la création de l’univers du Montréal Plaza.
Est-ce que les Français ont aimé? L’accueil semble avoir été tiède, mais le public a eu droit, en une vingtaine de minutes, à un bon aperçu de l’irrévérence qui caractérise le chef et la cuisine d’ici.
Avec la présentation de Patrice Demers, sur la Scène Sucrée, le public a aussi pu constater qu’au Québec, la pâtisserie est libre des traditions françaises et qu’elle se permet presque tout. Et Alexandre Cruz l’aura bien dit dans sa présentation sur la Scène Artisan : la gastronomie québécoise et nord-américaine en est une de synthèse, mais est surtout une cuisine du présent.
Un chef québécois à Paris
Frédéric Boucher, qui a officié pendant plusieurs années au Pastaga, à Montréal, est établi depuis un an à Paris. Le restaurant où il cuisine maintenant, Le Gravity Bar, a remporté le prix Meilleure ouverture, lundi, lors de la présentation des Prix Omnivore. Au sujet de sa vie de chef à Paris, il raconte que le monde de la restauration est beaucoup moins snob que ce qu’il avait imaginé. Il y a été très bien accueilli. Ce qui l’étonne depuis son arrivée, c’est plutôt le nombre grandissant de chefs étrangers dans les cuisines des restos de la Ville Lumière. On se les arrache.
