Le Réseau express métropolitain (REM) aura certainement un impact sur le paysage immobilier montréalais. Métro a tenté de cerner les répercussions sur le prix des propriétés.
Comme le REM dans l’ouest n’est pas encore en fonction et que celui de l’Est est toujours à l’étude, il est encore trop tôt pour fournir des fluctuations précises par secteur. Il est cependant probable que les prix des propriétés situés près des futures gares du REM connaissent une hausse à l’instar de celles se trouvant à proximité des stations de métro, pense l’urbaniste émérite et professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, Gérard Beaudet.
Une récente étude de JLR, intitulée Proximité à une station de métro: quelle est la plus-value sur le prix des propriétés avoisinantes? montre que les résidences situées à moins de 2 kilomètres d’une station de métro ont, en moyenne, un prix de 2,2% à 9,0% plus élevé que celles se trouvant à une distance de 2 à 4,5 kilomètres de la même station.
Cette observation change selon le type de bâtiment. En effet, l’impact est plus grand à l’intérieur du premier rayon d’un kilomètre sur les copropriétés que sur les unifamiliales. Selon l’étude de JLR, la présence d’un stationnement pourrait être un facteur expliquant cette différence de trois à quatre points de pourcentage.
«Les copropriétés viennent plus rarement avec un espace de stationnement réservé que les unifamiliales, peut-on lire dans cette étude. Les acheteurs de copropriétés sont donc moins susceptibles de posséder un véhicule que les propriétaires d’unifamiliales. Par conséquent, ils dépendent plus de l’usage des transports en commun dans leur quotidien.»
Toujours selon cette étude, les propriétés se trouvant à proximité des stations de métro qui accueilleront aussi une gare du REM connaîtront potentiellement un effet supplémentaire de proximité à la suite de l’inauguration du Réseau express métropolitain.
Ce potentiel lié au REM expliquerait d’ailleurs pourquoi certains secteurs de la Ville de Montréal sont actuellement plus prisés que d’autres, selon Roseline Guèvremont, agente immobilière chez Royal LePage.
«Le REM y est pour beaucoup. Le REM va faire qu’on va pouvoir se rendre dans le centre-ville en 15 minutes peu importe on est où.»
Donnant l’exemple de Montréal-Nord, Roseline Guevremont explique que cette tendance pousserait les gens à acheter ou à louer dans des quartiers moins chers «que dans un secteur central» où les prix «sont devenus tellement élevés et gonflés».
Effondrement des prix
Si l’urbaniste Gérard Beaudet est d’accord pour dire que la proximité d’une gare du REM pourrait avoir un impact à la hausse sur le prix de propriétés, il en va tout autrement pour les résidences qui seront à proximité des rails aériens du REM.
«Entre les gares, il va y avoir un effondrement [des prix] à cause des impacts épouvantables de l’infrastructure, soutient Gérard Beaudet. Pour les gens qui vont subir la présence de l’infrastructure, il n’y a aucun intérêt, il n’y a aucun avantage. On ne subit que les inconvénients.» Parmi ceux-ci : possible bruit, perte d’ensoleillement et vue entravée.
Gérard Beaudet explique en revanche que pour les zones en transformation, les promoteurs pourraient tenir compte de la présence du REM dans l’organisation du nouvel espace et qu’ils pourraient ainsi trouver «un moyen d’atténuer la présence des infrastructures aériennes dans un projet de redéveloppement».
Dans les secteurs peu densément peuplés, la marge de manœuvre est plus restreinte, nuance l’urbaniste, puisque les citoyens risquent de s’opposer à des transformations importantes de leur quartier.
Pas donné être près du métro
- Les copropriétés à moins de 500 m d’une station sont 11,2% plus chères que celles situées entre 2000 et 4500 m de cette même station.
- Les unifamiliales à moins de 500 m d’une station sont 7,1 % plus chères que celles situées entre 2000 et 4500 m de cette même station.
Source : «Proximité à une station de métro : quelle est la plus-value sur le prix des propriétés avoisinantes?», JLR.ca