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Tendance mode: accro au crochet!

Les collections de l'entreprise québécoise MAMÉ font fureur.

Les collections de l'entreprise québécoise MAMÉ font fureur.

Propulsés par la pandémie, les vêtements et les accessoires en crochet reviennent en force dans nos garde-robes.

«En fait, tout le travail d’aiguille a graduellement refait surface», affirme le chargé de cours à l’École supérieure de mode de l’ESG ­UQAM ­Philippe ­Denis, qui a à l’œil le crochet depuis quelques années déjà.

S’il y avait déjà un certain engouement avant la pandémie, les multiples confinements ont participé à amplifier cette mouvance. Plusieurs néophytes en recherche active de passe-temps ont découvert le crochet lors des deux dernières années. 

C’est le cas de Lory Labossière, 24 ans, qui a appris à crocheter en regardant des tutoriels sur Internet. «J’ai commencé pendant la pandémie parce que je me cherchais de quoi à faire. On avait écouté tous les films, toutes les séries sur Netflix et j’étais tannée d’avoir rien à faire donc je m’étais dit que je pouvais essayer de faire ça», raconte-t-elle. 

Après avoir affiché ses premiers morceaux sur les réseaux sociaux, Lory Labossière a rapidement constaté un enthousiasme pour ce qu’elle faisait. «Il y avait juste trop de monde [qui en voulait] et c’était difficile de garder le fil des messages sur Instagram. J’écrivais sur des bouts de papier mes commandes et j’avais de la misère à m’en souvenir», se remémore-t-elle. 

À l’automne 2020, l’étudiante en commercialisation de la mode a lancé son propre site Internet, Lolocrochete.com, sur lequel elle vend ses créations. «La première fois que j’ai mis des trucs sur mon site, je pleurais [de joie] parce qu’en l’espace de quelques minutes, il n’y avait plus rien!», dit-elle. 

Cet engouement pour le crochet, les cofondatrices de la compagnie de vêtements MAMÉ, Magalie Billardon et Mélanie Loubert, l’ont aussi remarqué. «Probablement parce que justement, durant la pandémie, les gens n’avaient rien à faire donc ils se sont mis au crochet et ont commencé à en porter. L’été dernier, ça a atteint un sommet», constate Mélanie Loubert. 

Selon elles, cela fait maintenant deux ans que cette mode a conquis les fashionistas. Déjà à leurs débuts en 2020, elles étaient sollicitées par des stylistes qui voulaient emprunter leurs créations faites à la main. 

«On voit l’intérêt des gens pour nos produits quand ils nous croisent dans des marchés, des pop-ups ou quand on a participé au festival Mode et design l’année dernière. On se fait inviter à tous ces événements de mode. Ça nous a prouvé assez vite qu’on a notre place dans ce milieu et que les gens nous considèrent vraiment comme une entreprise émergente de mode à Montréal», témoigne Mélanie Loubert.

Il y a même des personnalités bien connues qui achètent et portent les vêtements en crochet de MAMÉ, souligne l’entrepreneuse de 23 ans. «Est-ce que c’est parce qu’on fait du crochet? Probablement que, à la base, c’est le crochet qui est intéressant, mais c’est qu’on a créé quelque chose de tellement unique avec MAMÉ», souligne-t-elle.  

Il y a plein d’artistes qui font du crochet à Montréal, mais souvent, c’est nous que les gens viennent voir quand ils cherchent quelque chose en crochet parce qu’on a une identité qui est très forte.

Mélanie Loubert, cofondatrice de MAMÉ

La montée de la slow fashion

Mais déjà aux alentours des années 2016 et 2017, on sentait un attrait nostalgique pour le fait main, «une forme de solidarité envers la planète, une façon de contrecarrer la fast fashion, indique Philippe Denis. J’étais quand même étonné de voir le nombre de patrons et de techniques qui étaient déjà proposés sur YouTube», poursuit-il. 

Magalie Billardon et Mélanie Loubert ont aussi commencé à crocheter en confinement alors qu’elles étaient colocataires. Celles qui font leurs propres patrons mentionnent que la confection d’un vêtement en crochet peut prendre environ 3 à 35 heures. Un temps qui varie en fonction de la grosseur de la pièce. Le temps de production de chaque morceau est d’ailleurs indiqué sur leur site Web. 

On veut conscientiser les gens à plusieurs choses à travers notre projet: non seulement à combien ça coûte de faire faire quelque chose à la main de façon éthique, mais aussi à l’écoresponsabilité, qui est importante pour nous.

Magalie Billardon, cofondatrice de MAMÉ

À plus long terme, les cofondatrices de MAMÉ désirent s’inscrire davantage dans la haute couture. «On veut être l’alternative colorée à la haute couture, donc on essaie vraiment de s’inscrire dans ces codes-là et tranquillement de se diriger vers ce marché-là. […] On essaie de l’éloigner de cet aspect d’artisanat. Il y a beaucoup de fait main dans la haute couture», fait remarquer Mélanie. 

Une des designers spécialisé.e.s dans le travail d’aiguille qui a grandement participé à décloisonner la maille et le tricot de l’industrie domestique est Francine Vandelac. Une exposition sur son travail se tiendra d’ailleurs cet automne à Repentigny. Une énième preuve que le crochet est dans l’air du temps, selon Philippe Denis. «Quand on fait une exposition, c’est que le public s’intéresse potentiellement à ces sujets, alors ça vient participer à cet important engouement pour la grande famille de la maille.»

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