Tandis que les rassemblements sont permis dans les restaurants, les bars, ou encore les salles de spectacle, huit arrondissements de Montréal sur 19 tiennent toujours leur conseil en virtuel, au grand dam de certains citoyens qui aimeraient pouvoir échanger directement avec leurs élus.
Si la majorité des arrondissements tiennent maintenant leur séance en personne, selon un décompte effectué sur le site de la Ville de Montréal, huit tiennent toujours leur assemblée de façon virtuelle.
C’est le cas de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, dont le prochain conseil d’arrondissement du 13 décembre se tiendra de nouveau en mode virtuel. Sur le groupe Facebook des Sinistrés de Tétreaultville, un résident invite ses concitoyens à écrire à la greffière pour demander que le conseil revienne en personne.
Interrogé à ce sujet, l’arrondissement MHM explique que «si l’on tient compte de la distanciation d’un mètre exigée par la Santé publique, la salle du conseil de l’arrondissement de MHM ne peut accueillir que 29 personnes».
Une contrainte qui ne s’applique pas à des arrondissements tels que Verdun et Anjou, puisque leurs salles de conseil «sont plus vastes et peuvent accueillir un plus grand nombre de personnes».
Pourtant, si la salle du conseil d’Anjou peut effectivement accueillir 45 personnes, celle de l’arrondissement du Sud-Ouest a une capacité maximale de 15 personnes, ce qui ne l’empêche pas de tenir son prochain conseil en présentiel.
Un autre argument avancé par l’arrondissement MHM est la hausse du nombre de cas de COVID-19.
À la fin de l’été, l’arrondissement avait annoncé publiquement le retour du conseil en présentiel, mais quelques semaines avant la tenue de l’assemblée de septembre, l’équipe du greffe avait fait marche arrière «parce que le nombre de cas de personnes atteintes de la COVID était en hausse».
«Plus prudent»
Danielle Pilette, professeure associée à l’UQAM et spécialiste de la politique municipale, considère qu’il est prudent de poursuivre les assemblées en virtuel, «étant donné l’augmentation du nombre de cas».
Doit-on donc comprendre que les 11 arrondissements qui tiennent leurs conseils en personne sont imprudents?
«Il leur appartient de juger jusqu’à quel point la proximité est homogène et protégée par la vaccination, répond Mme Pilette. Je ne m’inquiète pas du fait qu’on ait des pratiques à géométrie variable, parce que les arrondissements sont des instances de proximité et les proximités sont très différentes d’un territoire à l’autre.»
N’empêche, certains se questionnent sur la logique de permettre à la population d’aller danser ou de chanter du karaoké dans un bar, alors qu’on juge comme imprudent de tenir des conseils d’arrondissement en personne.
Danielle Pilette croit que le gouvernement du Québec permet de tels rassemblements pour des raisons électoralistes, alors que l’élection provinciale se tiendra en 2022, et pas nécessairement parce que c’est prudent.
Selon la professeure, il n’y aurait par ailleurs pas de déficit démocratique dans la tenue des conseils en virtuel, puisque les citoyens peuvent poser des questions par écrit, prendre connaissance de l’ordre du jour, voir et entendre les échanges et éventuellement lire le procès-verbal.
Trouver une solution
La nouvelle conseillère d’Ensemble Montréal dans Louis-Riel, Alba Stella Zúñiga Ramos, souhaite que l’arrondissement trouve des solutions qui, tout en respectant les consignes sanitaires, vont permettre aux citoyens de participer au débat démocratique.
«Parfois, les gens sont insatisfaits des réponses des élus et ils aimeraient bien poser des sous-questions», soutient la conseillère.
Avec respect, certains citoyens se demandent si notre maire préfère se cacher derrière le conseil virtuel et ne pas être directement confronté par eux.
Alba Stella Zúñiga Ramos, conseillère de la ville
L’une des solutions serait de permettre aux citoyens de poser des questions directement aux élus lors des séances virtuelles, comme cela se fait dans l’arrondissement Ville-Marie.
En réponse à cette proposition, l’arrondissement MHM dit attendre les résultats de ce «projet pilote» avant de procéder.
Pierre Lessard-Blais a refusé notre demande d’entrevue.