Alors que les frappes russes s’intensifient depuis plusieurs heures en Ukraine, la communauté ukrainienne de Montréal se retrouve totalement impuissante alors qu’un grand nombre de ses proches se retrouvent sous les bombardements.
Les préoccupations sont «larges et profondes» pour la présidente de la Fédération nationale ukrainienne du Canada, basée à Outremont, Katherine Smolynec.
«C’est une tragédie mondiale et ça va affecter même notre vie ici au Canada, dit-elle. On faisait tout ce que l’on pouvait pour éviter une guerre, mais la guerre est venue à l’Ukraine.»
Selon elle, la communauté ukrainienne s’attendait à ces attaques, indiquant que cette guerre n’est «pas nouvelle».
«Ce n’est pas inattendu, ça fait longtemps que le gouvernement et la diaspora ukrainienne demandent de l’aide, dit-elle. On souhaite le soutien de tout le monde et des armes pour que l’Ukraine puisse se défendre ainsi que de l’argent pour l’aide humanitaire.»
Elle-même issue d’une famille de réfugiés de la Seconde Guerre mondiale, Katherine Smolynec explique que ces événements renvoient la communauté à un traumatisme encore très présent dans la diaspora montréalaise.
«On voit quelque chose qui nous fait penser à ce qui est arrivé dans les années 30 et 40, dit-elle. Il faut réfléchir à comment défendre la démocratie chez nous, car c’est une chose fragile et il n’y a pas de garantie que ça dure, nulle part dans le monde.»
Pour Katherine Smolynec, c’est une «guerre hybride» qu’a enclenchée la Russie. Elle invite donc la population à être prudente face à la désinformation qui peut circuler sur les réseaux sociaux.
«C’est aussi une guerre de l’information et de la communication, explique-t-elle. J’encourage tout le monde à se méfier de ce qui est communiqué.»
Malgré l’anxiété qu’elle ressent, elle se dit très rassurée face à l’attitude des Ukrainiens encore sur place qui refusent de se soumettre.
«On s’en inspire et on continue les activités à la fédération», dit-elle.
Pour le président du conseil provincial du Québec du Congrès des Canadiens Ukrainiens (CUC), Michael Shwec, la diaspora ukrainienne a gardé un grand attachement à son pays d’origine et est en contact étroit avec ses proches en Ukraine.
«Les gens sont inquiets pour le futur de leurs familles, dit-il. Les Ukrainiens, même s’ils sont dans l’ouest du pays, ne sont pas 100% à l’abri.»
«Le plus important, c’est d’expliquer aux Montréalais la gravité de la situation, c’est une infraction aux droits internationaux et c’est une violation flagrante de la souveraineté de l’Ukraine, explique Michael Shwec.
On demande que le peuple québécois soit prêt à accueillir le monde qui viendra chercher une nouvelle vie ici
Michael Shwec, président du conseil provincial du Québec du CUC
Selon lui, le Québec est le plus gros partenaire économique de l’Ukraine au Canada avec plus de 43 000 Québécois d’origine ukrainienne, dont une grande partie qui vit à Montréal.
Selon Katherine Smolynec, des manifestations seront organisées prochainement par les membres de la diaspora ainsi que des levées de fonds pour des actions humanitaires.
De nombreuses communautés ont témoigné de leur soutien. Elle explique cependant qu’aucun dialogue de soutien n’est présent entre les communautés russe et ukrainienne montréalaises.
Lundi dernier, le président de la Russie, Vladimir Poutine avait déclaré reconnaître l’indépendance des territoires prorusses de l’est de l’Ukraine puis a ordonné l’avancée de son armée dans ces régions. Malgré les menaces de sanctions économiques annoncées par les pays occidentaux, Vladimir Poutine a lancé une invasion de l’Ukraine ce jeudi 24 février par des frappes aériennes et l’afflux de forces terrestres, faisant déjà des dizaines de morts.