Un résident de Pointe-aux-Trembles demande que l’accessibilité aux berges pour la pratique de la pêche soit améliorée à Pointe-aux-Trembles. Un enjeu pour lequel milite depuis des années l’Association des pêcheurs sportifs du Québec à travers la province.
François Bibeau est exaspéré: la seule rampe de mise à l’eau publique accessible aux remorques de Pointe-aux-Trembles, située près de la 36e Avenue, est submergée d’eau et les quais n’étaient toujours pas installés le 13 juin.
Selon lui, impossible d’y descendre son bateau de pêche depuis le début de la saison, de peur de «brûler ses breaks s’ils touchent à l’eau».
Métro a pu constater cette situation sur place le 8 juin alors qu’un homme a mis sa motomarine à l’eau avec beaucoup de difficulté, l’eau atteignant les portes de son véhicule.
Une saison perdue
M. Bibeau dit n’avoir pratiquement pas pêché depuis le début mai, sauf à de rares occasions, en empruntant le quai privé d’un ami.
«Le 15 juin, le meilleur de la pêche est pas mal passé», déplore celui qui s’adonne à la pêche depuis 40 ans.
Pour lui, hors de question de conduire hors de l’arrondissement, ou de payer pour accéder à des rampes à l’extérieur de Montréal.
«On est sur une île, et on n’a pas de descentes. C’est qu’il n’y a pas de volonté», martèle-t-il.
Des accès réduits
Si M. Bibeau se dit conscient que l’Arrondissement n’a pas de contrôle sur le niveau de l’eau, il souhaiterait que les rampes de mise à l’eau du parc Clémentine-De La Rousselière ou celle du parc Pierre-Payet, qui ne sont pas submergées présentement, soient de nouveau accessibles.
Or, l’accès pour embarcations avec remorque y est interdit depuis 2018.
La Ville de Montréal avait alors évoqué un «souci de sécurité pour les utilisateurs du parc», la volonté de «préserver les berges», et la présence de certains plaisanciers qui «ne respectent pas les indications de stationnement interdit au parc Pierre-Payet».
Stéphan Bourgeois, président de l’Association des pêcheurs sportifs du Québec, s’était opposé à la fermeture de ces descentes dès le début.
S’il reconnaît que l’achalandage sur les rives a pu causer des enjeux à l’époque, il croit que la Ville se doit de trouver des solutions à l’enjeu «complexe» de la cohabitation entre les résidents et les pêcheurs.
Il recommande notamment d’instaurer des espaces de stationnement réservés aux résidents, et d’autres pour les remorques.
David Patry-Cloutier, chef de cabinet de l’arrondissement RDP-PAT, précise par courriel que l’arrondissement a fait ajouter plusieurs quais pour les pêcheurs dans le cadre de sa politique d’agriculture urbaine « afin d’encourager et de promouvoir la pratique de la pêche ».
« D’ailleurs, l’arrondissement participe chaque année à la Fête de la pêche et invite la population à une activité gratuite. Nous offrons également des initiations à la pêche pour les jeunes dans le cadre de Zone active», ajoute-t-il.
Un accès difficile pour les pêcheurs du Québec
Accéder aux berges serait de plus en plus difficile au Québec depuis plusieurs années, selon l’Association des pêcheurs sportifs du Québec.
Dans un mémoire publié en 2015, l’Association dénonce, parmi d’autres enjeux, la «multiplication des rampes de mise à l’eau réservées aux résidents» seulement et des «tarifs exagérés pour l’utilisation des rampes de mise à l’eau et du stationnement». Une situation qui découragerait notamment des pêcheurs à pratiquer l’activité.
Stéphan Bourgeois rappelle que la députée de Pointe-aux-Trembles et ministre responsable de la Métropole Chantal Rouleau avait instauré les tarifs pour les non-résidents de Montréal pour la rampe de la 36e Avenue en 2015, lorsqu’elle était mairesse de RDP-PAT.
«Maintenant, c’est à elle de redonner l’accès aux plans d’eau», dit-il, rappelant la promesse qu’avait faite la CAQ à cet effet.
Interpellée à ce sujet, la ministre Rouleau soutient que l’accès à l’eau est une «priorité pour elle», rappelant avoir travaillé à des projets telles la plage de l’Est et la mise en place du réseau de navettes fluviales.
«Partout au Québec, il y a une privatisation du bord de l’eau et on veut travailler là-dessus. Mais il faut le faire avec les partenaires, le faire de la bonne façon.»
Précisant que le dossier particulier de la rampe d’accès relève plutôt de l’arrondissement, l’élue caquiste précise toutefois que la rampe était à l’époque devenue payante aux non-résidents de Montréal «dans un contexte où les rampes de mise à l’eau à Varennes et à Repentigny sont devenues payantes», causant un fort achalandage à Pointe-aux-Trembles.
«Ç’a été fait par respect des citoyens qui avaient payé pour ces aménagements», ajoute-t-elle.