Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

MHM: l’état de la démocratie remis en cause par d’anciens maires

Réal Ménard, ancien maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM).

Une lettre déposée lundi au conseil d’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) remet fortement en cause l’état de la démocratie au sein de l’arrondissement. Signée par deux anciens maires de l’arrondissement, Réal Ménard et Lyn Thériault, elle s’adresse à l’actuel maire, Pierre Lessard-Blais.

«Je suis inquiet de l’état de la démocratie locale», confie à Métro Réal Ménard, qui a été maire de MHM de 2009 à 2017.

Certains citoyens seraient privés d’un dialogue ouvert et respectueux avec le maire de l’arrondissement, selon lui. M. Lessard-Blais aurait remis en cause à plusieurs reprises la bonne foi de certains citoyens présents aux conseils d’arrondissement, en mentionnant leur engagement politique passé, accuse M. Ménard.

«Les personnes qui assistent au conseil d’arrondissement le font comme citoyens et contribuables. Toute remarque à propos de leurs convictions ou allégeances politiques est aussi déplacée qu’inappropriée», peut-on lire dans la lettre.

Extrait de l’intervention de Réal Ménard au dernier conseil d’arrondissement de MHM, où son titre d’ancien maire de l’arrondissement lui a été rappelé par M. Lessard-Blais.

Lyn Thériault, mairesse de l’arrondissement de 2005 à 2009, rappelle aussi l’importance des comités d’arrondissement, certains ayant été supprimés depuis l’arrivée du maire Lessard-Blais.

«Dans ces comités, il n’y a pas seulement des élus, mais aussi des citoyens, des gens qui peuvent donner un avis extérieur et des connaissances que l’on n’a pas toujours», explique-t-elle.

Les deux anciens élus demandent notamment la restauration des comités d’arrondissement tels que le comité de circulation et de l’habitation et des finances, «avec la participation de tous les élus».

Contacté par Métro, Pierre Lessard-Blais se dit «perplexe» face à ces accusations. «Nous priorisons les citoyens et leur droit de s’exprimer, comme en témoignent les nombreuses consultations publiques, assemblées citoyennes et soirées d’informations organisées régulièrement», a-t-il indiqué.

Une exclusion de l’opposition

La lettre déposée dénonce aussi un traitement inégal réservé aux élus de l’opposition, soit la conseillère dans le district de Louis-Riel, Alba Zuniga Ramos, et le conseiller du district de Tétreaultville, Julien Hénault-Ratelle.

«Depuis novembre 2021, madame Ramos et monsieur Hénault-Ratelle ont vu leurs privilèges et le respect inhérents à leur fonction sérieusement bafoués», est-il écrit dans la lettre.

«Je n’arrive pas à croire que des élus en 2023 soient de façon aussi partisane mis de côté. Il y a des élus qui ne sont pas en mesure de faire leur travail, c’est honteux», dénonce Mme Thériault en entrevue avec Métro.

Lorsque l’on est méprisant envers l’opposition, on est méprisant envers les citoyens qui les ont élus.

Réal Ménard, ancien maire de l’arrondissement de MHM.

Les deux anciens élus affirment avoir collaboré avec l’opposition lorsqu’ils étaient maires. «L’opposition avait un secrétariat, un attaché politique et avait accès aux fonctionnaires dans les dossiers individuels, assure Réal Ménard. Pierre Lessard-Blais devrait se réconcilier avec la gauche généreuse que doit être Projet Montréal.»

Dans la lettre, on apprend aussi que les conseillers de l’opposition seraient physiquement isolés du reste de l’administration par le réaménagement des bureaux. Un mur et une porte ont effectivement été ajoutés dans l’ancien bureau du maire pour pouvoir créer deux bureaux de plus, attribués à l’opposition. «Ces travaux ont coûté plus de 10 000 $ juste pour venir nous séparer», soutient le conseiller Julien Hénault-Ratelle.

Contactée par Métro, l’administration explique que ces travaux ont été effectués dans le but d’ajouter des bureaux, et non pour isoler les élus de l’opposition. Réal Ménard et Lyn Thériault qualifient cependant ces travaux de «politique de ségrégation physique» dans leur lettre.

Un climat de travail sous tensions permanentes

Ce n’est pas la première fois que l’administration de MHM est critiquée pour son manque de considération envers l’opposition. «Cela fait un an que l’on demande du soutien politique de la part de l’administration, notamment en ce qui concerne l’accès aux fonctionnaires et aux documents utiles pour pouvoir voter en conseil», mentionne la conseillère de l’opposition Alba Zuniga Ramos à Métro.

En octobre 2022, l’opposition dénonçait déjà le fait de ne pas avoir eu accès aux détails du budget 2023 pour l’arrondissement de MHM.

Pierre Lessard-Blais assure cependant que tous les membres du conseil peuvent traiter les enjeux de leur district sous la forme de rencontres bimensuelles avec la directrice de l’arrondissement, le directeur du cabinet ou le maire lui-même. «Ils ont aussi accès équitablement à une employée qui soutient les élus pour leurs dossiers», ajoute-t-il.

Cela ne semble pas être suffisant pour les conseillers de l’opposition ni pour les anciens maires signataires de la lettre. «Nous croyons de notre devoir de mettre votre administration sous surveillance et nous n’hésiterons pas à interpeler les organismes concernés par la démocratie municipale locale», conclut la lettre déposée au conseil.

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