Des pharmaciens veulent faire plus d’heures dans les groupes de médecine de famille (GMF) pour mieux répondre aux besoins de la population et soutenir les équipes médicales. Leur revendication intervient au moment où le rôle de ces professionnels de la santé est élargi.
Actuellement, des pharmaciens sont présents en moyenne 16 heures par semaine dans les GMF. Le Réseau québécois des pharmaciens en groupe de médecine de famille (RQP GMF) voudrait voir un pharmacien à temps plein par 10 000 patients inscrits. Ce regroupement compte actuellement plus de 330 pharmaciens.
Pour cette organisation, les nouveaux actes permis à ces professionnels de la santé avec la loi 31, jumelés à une présence étendue des pharmaciens en GMF, permettraient de réduire la fréquence des consultations chez le médecin. Cela favoriserait aussi l’accès à un médecin de famille à un plus grand nombre de patients.
Selon la loi entrée en vigueur fin janvier, les pharmaciens peuvent entamer des traitements et prescrire des soins pour certaines maladies. Ils peuvent ajuster ou retirer un médicament. Ils peuvent aussi déterminer le bon usage des produits en interprétant des tests de laboratoires. Des aptitudes qu’ils pourraient mettre au service des GMF.
«Avec un temps partiel, une journée par semaine ce n’est pas suffisant pour s’intégrer dans une équipe adéquatement. Il faut que les autres professionnels puissent nous faire confiance et nous déléguer des actes», indique la pharmacienne au GMF-U Sacré-Cœur, Stéphanie Carreau.
Elle-même travaille à temps plein depuis huit ans et soutient pleinement la revendication du RQP GMF.
«Les médecins nous confient plus de tâches et nous délèguent plus de gestion des patients. On nous appelle des pharmaciens de famille et nous avons un bassin de patients réguliers que nous suivons», énumère-t-elle.
Ces professionnels de la santé ont accès aux dossiers des malades au même titre que les médecins et consultent les notes du praticien, chose que le pharmacien d’officine ne peut pas faire.
«Parfois, nous sommes le filtre avant le médecin pour pouvoir déjà régler la problématique sans embourber son bureau», observe Mme Carreau.
Souhaits
Ce rôle particulier du pharmacien en GMF est également bien compris et apprécié par les médecins de famille. «Il y a quelques jours, j’ai eu une patiente qui avait des problèmes à sa glande thyroïde. Au niveau médical, je ne trouvais pas grand-chose. J’ai appelé ma pharmacienne, elle me dit, vérifie si elle ne prend pas des produits en vente libre. Effectivement, c’était cela le problème», confie le médecin au GMF-U Bordeaux-Cartierville, le Dr Mathieu Hanna.
Cette connaissance de la pharmacopée et des interactions entre les molécules est une expertise dont le praticien ne peut se passer.
«Quand je vois des patients qui ont des pathologies très lourdes, avec huit ou dix médicaments, parfois plus, le pharmacien devient un partenaire essentiel. Avec lui, on augmente la qualité des soins qu’on apporte parce qu’on est dans l’ajustement fin», relève le Dr Hanna.
Le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques et le développement accru des médicaments nécessitent aussi des suivis plus serrés.
«L’idée n’est pas que les pharmaciens remplacent les médecins, mais dans des conditions simples déjà connues, ils peuvent faire des ajustements de médicaments. Ils ont les compétences pour aller détecter certains problèmes, certaines subtilités», convient le Dr Hanna.
L’appel est lancé aux pouvoirs publics. Le ministère de la Santé a indiqué que la demande est en cours d’analyse.