Lassée de voir les immondices s’accumuler dans les rues et de voir des citoyens s’en plaindre sur les réseaux sociaux, Janie Lapierre a lancé Brigade propreté Ahuntsic. Un groupe informel qui a rapidement attiré une centaine de personnes prêtes à s’organiser pour ramasser les ordures qui trainent dans l’espace public. Mais le mouvement est encore plus important qu’il n’y parait.
«Je suis allé promener mon chien au parc Ahuntsic vendredi [9 avril] et je me suis dit ça n’a pas de bon sens. Des bouteilles de bière à côté des modules de jeux pour enfant. Ça m’a fait capoter», assure Mme Lapierre.
Elle a commencé à ramasser les déchets dans le parc Ahuntsic. Elle raconte avoir rempli deux sacs de vidanges en cinq minutes. Là-dedans, beaucoup d’emballage de nourriture.
Le parc Ahuntsic est voisin d’établissements de restauration rapide. En ces temps de pandémie, alors que les salles à manger sont fermées, le parc devient le lieu où consommer son plat à emporter. Elle s’est dit que jamais elle ne pourrait faire le tour du parc Ahuntsic. Elle avait besoin d’aide.
«Je voulais écrire quelque part, je m’en vais à 9h15 ramasser des déchets au parc Ahuntsic, qui veut venir avec moi?», mentionne-t-elle.
C’est ainsi qu’elle a créé la page Brigade propreté Ahuntsic qui a eu un succès immédiat.
«Je pensais qu’on serait 10 ou 15. Mais je comptais ce matin [le 12 avril], on était proche de 150», convient-elle.
Collecter les déchets était de rigueur alors que les jours ensoleillés se succédaient en ce début avril.
Hadrien Parizeau, conseiller de Ville de Saint-Sulpice, a lui-même fait l’exercice sur un seul côté de la rue Lajeunesse entre Émile-Journault et Louvain. «J’ai ramassé deux gros sacs en 45 minutes», souligne-t-il. Il a surtout remarqué le nombre effrayant de masques au sol.
À l’aide pour les déchets
Sur la rue Port-Royal, entre Curotte et Christophe-Colomb, des citoyens ont publié sur les réseaux sociaux des photos des détritus qui jonchaient l’artère. Des commentaires soulignaient que le secteur avait besoin d’une intervention musclée. Mylène Montplaisir qui habite dans le coin a décidé de passer à l’action.
La rue est longée par une voie ferrée protégée par une clôture par-dessus laquelle des gens balancent des déchets. «J’ai mis mes bottes de randonnée, puis mes gants et je suis allé de l’autre côté», indique-t-elle.
Elle a commencé à déblayer, mais elle n’en voyait pas le bout. «Il y’en avait tellement que j’ai rempli les poubelles de ma propriétaire. Je me suis dit, il y en a beaucoup trop», confie-t-elle.
Et il y’en avait de toutes sortes, des sacs de sport, un coffre-fort cassé, des catalyseurs, des condoms, un miroir, des débris de rénovation, des morceaux de toilette.
«J’ai ramassé au moins une cinquantaine de bouteilles d’un demi-litre de vin», signale-t-elle.
Le besoin d’aide s’est rapidement fait sentir et elle a lancé un appel sur la page Facebook communautaire Ahuntsic.
Anne-Sophie, sa voisine l’a entendue et s’est rendue avec son conjoint lui donner un coup de main. Elle connait bien cette zone.
«J’ai des photos de gens qui urinent. Ils descendent de leur voiture, ils pissent et repartent», fulmine-t-elle.
Au moins une dizaine de personnes a participé à cette opération de propreté.
Solutions à long terme
Alors que des citoyens entretiennent leur environnement envahi par les ordures, la question se pose quant au rôle de l’administration locale.
«L’arrondissement fait largement sa part», assure M. Parizeau. Pour lui la propreté de l’environnement est une responsabilité partagée avec les citoyens.
«Je pense que lorsqu’un endroit est sale, les gens ont tendance à se dire que c’est dégueulasse, on s’en fout», croit Anne Sophie.
Une observation que partage Mme Montplaisir. Toutefois, si elle croit qu’une rue propre décourage les gens de jeter des ordures, elle pense que c’est insuffisant.
«On voudrait avoir une pancarte dans mon coin pour informer les gens que ce n’est pas un dépotoir», observe-t-elle. Un trottoir serait aussi une bonne idée pour rendre le lieu plus fréquentable.
Pour elle, le rôle de la Ville, c’est d’être à l’écoute des besoins des citoyens pour ensuite débloquer des fonds pour améliorer la ville et le vécu citoyen.