La fermeture des salles de sport et l’arrêt des activités sportives ont des conséquences pour tous, qui ont engendré un déconditionnement important chez les personnes présentant un handicap physique. Des athlètes d’Ahuntsic-Cartierville attendent impatiemment la réouverture des installations sportives le 14 février va permettre à certains d’améliorer leur quotidien.
«Normalement, je peux m’asseoir sur une chaise et me relever rapidement. Après quelques mois de confinement, j’ai voulu me relever et je suis tombée», indique Amanda Fanizza. La résidente d’Ahuntsic-Cartierville atteinte de la paraplégie spastique explique qu’elle n’a pas pu pratiquer le patinage durant plusieurs mois.
Lorsqu’elle a pris conscience de l’ampleur de sa perte musculaire, elle a craint le pire. «Si je continuais ainsi, je ne pourrais même plus marcher», soutient Mme Fanizza. Pour mieux se mouvoir, elle s’est entraînée régulièrement au gym. Toutefois, lors de la fermeture des installations sportives en janvier, elle a craint de perdre le peu d’acquis déjà retrouvés.
J’étais tellement fâchée que j’ai décidé d’acheter un vélo stationnaire pour la maison.
Amanda Fanizza
Maintenir une forme physique est complexe et difficile pour plusieurs personnes ayant un handicap, explique la kinésiologue Charlotte Pion, de Neuro-Concept, à Verdun.
Il faut avoir les moyens ou l’espace nécessaires. Tout le monde n’a pas nécessairement cela.
Charlotte Pion, de Neuro-Concept
Une perte physique permanente
L’athlète paralympique de Boccia Iulian Ciobanu, qui réside dans Ahuntsic-Cartierville, est atteint de dystrophie musculaire. Celui-ci affirme avoir eu peur de subir une dégénérescence musculaire marquée. Il constate une petite perte, vu que son entraînement sportif était réduit durant la pandémie. «Si l’inactivité a eu un trop gros impact, après tu ne peux pas récupérer. […] Avec l’activité physique, tu peux ralentir la progression de la maladie», confie-t-il. Ces restrictions, dont les fermetures des centres sportifs, risquent d’avoir un impact sur la santé mentale des personnes concernées.
L’exercice physique est donc déterminant pour le maintien de l’autonomie pour bien des personnes qui présentent un handicap. «En fait, quand on parle de personnes avec un handicap, leur condition physique est essentielle pour maintenir des activités de la vie quotidienne. Ça les aide à manger, et à se déplacer», précise Mme Pion.
Le gain de poids, un enjeu majeur
Certaines personnes comme M. Ciobanu ont pris du poids durant la pandémie, ce qui ajoute une difficulté à l’activité quotidienne. «Il y a plus de risques de blessures. Par exemple, une personne en fauteuil roulant, si elle n’a pas la force nécessaire dans ses bras et ses épaules, il y a un gros risque de blessure au niveau des épaules», ajoute Mme Pion.
De plus, la perte de poids n’est pas simple. Elle nécessite une diète qui n’affectera pas les muscles, comme l’explique M. Buccia.
Le retour du sport pour le bien-être mental et physique
Le sport est un facteur de protection pour les personnes vivant avec un handicap puisqu’il facilite leur quotidien. Mais il est aussi important dans leur intégration au sein de la société. Annie-Claude Caty est kinésiologue à l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal. Elle explique rencontrer des personnes qui ont un handicap similaire. Et cela leur permet de constater les capacités des autres, ce qui les «tire vers l’avant».
Malgré la motivation de plusieurs à retrouver leur équipe, le retour au sport va devoir être fait avec délicatesse et dans le plaisir. «Il faut diminuer [l’intensité] et recommencer progressivement à augmenter les entraînements, jusqu’à où on était avant la pandémie», conclut la kinésiologue.