Ahuntsic-Cartierville

La prison fait son cinéma

Après avoir fait entendre leurs voix, les détenus de Bordeaux montrent maintenant leurs images.

La vie devant soi, ce sont les témoignages filmés de Guillaume, de Mohamed, de Michel, de Guido et de bien d’autres. Mohamed Lotfi, l’instigateur de ce projet, veut faire parler les détenus devant une caméra, après les avoir fait parler devant un microphone de radio. «Il s’agit de donner la parole aux détenus et de leur faire reprendre leur dimension d’hommes ordinaires», explique le créateur.

Le principe: des capsules vidéo dans lesquelles les prisonniers racontent comment ils voient leur sortie de prison et leur avenir. Les prisonniers parlent de leur vie future avec leurs enfants, de leur famille, de leur conjointe.

La vie devant soi n’est pas un banal exercice de réinsertion de détenus, mais un travail de création qui prend pour prétexte la vie en prison et les perspectives des ceux qui retrouveront la liberté bientôt. Les capsules sont tournées en prison.

«Elles seront diffusées sur Internet parce que je pense que c’est le mode le plus efficace pour atteindre le public», explique Mohamed Lotfi. Il est l’initiateur de l’émission de radio «Les souverains anonymes» diffusée à partir de la prison de Bordeaux depuis 1992.

Perception

La présentation du projet a eu lieu le 17 janvier à la prison de Bordeaux. En présence de politiciens, d’artistes et d’un hockeyeur – Georges Laraque – mais aussi de responsables de l’administration pénitentiaire, les détenus ont chanté, dansé et parlé librement. Excellente synchronisation pour juger de l’ambiance qui règne dans cet établissement.

Deux jours auparavant, des révélations dans les médias présentaient Bordeaux comme un enfer carcéral. Une occasion pour juger sur site de la situation. Dans l’ambiance festive qui s’est emparée du studio, difficile de croire que les résidents de la prison de Bordeaux sont à cran.

Le problème de surpopulation à Bordeaux n’est pas un secret. Des tensions existent, les détenus le reconnaissent. Mais c’est dans une ambiance très détendue que les «souverains» venaient saluer un directeur de prison visiblement décontracté.

On a bien entendu fait l’inventaire des programmes qui aident les prisonniers à se réinsérer. Études, formation professionnelle, alphabétisation, «la prison offre aussi des choses positives qu’il faut savoir prendre», explique Michel, un détenu.

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