Des ossements déterrés jonchent plusieurs tombes du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, a pu constater Métro vendredi. Fermé aux visiteurs depuis la tempête de verglas et aux prises avec un important conflit de travail, le site est dévasté.
De nombreuses fosses ont été déterrées par des marmottes, qui se comptent par dizaines dans les allées. Des pierres tombales sont renversées. Des troncs et des branches d’arbres tombés parsèment le plus grand cimetière du Canada.
«Quand je regarde ce qui se passe, c’est le mot “abandon” qui me vient en tête», lâche le président du Syndicat des employé-e-s du bureau du cimetière, Éric Dufault, au bout du fil. «Ce n’est pas juste qu’on arrête de couper le gazon, on laisse littéralement la nature reprendre le dessus.»
Les ossements à ciel ouvert constituent un seuil inacceptable, aux yeux de M. Dufault. «Je ne pensais jamais qu’on allait en arriver là, fustige-t-il. On porte atteinte à l’intégrité des défunts.»
Il arrive que des os soient découverts par des familles ou des employés d’entretien, explique-t-il. Or, en temps normal, ceux-ci sont rapidement signalés et une équipe peut intervenir promptement pour les recouvrir.
Le représentant syndical invite les familles à faire pression sur la Fabrique Notre-Dame, qui gère le cimetière, pour empêcher les réductions de service et la décrépitude du site. «Il faut qu’elles se manifestent, parce que c’est elles qui vont tracer la ligne.»
Le cimetière a été fermé au public du 12 janvier dernier – jour du déclenchement de la grève des employés d’entretien – au 31 mars.
Un cimetière «dévasté à la grandeur»
«Le véritable enjeu, ce n’est pas quelques ossements, c’est un cimetière dévasté à la grandeur», soutient Daniel Granger, porte-parole de la Fabrique Notre-Dame. La priorité est de s’occuper des branches et de l’émondage pour rendre le site sécuritaire et le rouvrir au public, explique-t-il.
Depuis le déclenchement de la grève des employés d’entretien en janvier, seulement quatre personnes peuvent s’occuper d’entretenir le site. Loin des 65 qui y travaillent habituellement. Même avec tous ces gens, le nettoyage du site prendrait au moins «quelques semaines», précise-t-il.
Ce n’est pas nous qui avons créé le verglas. On est pris avec ça et on n’a pas les ressources pour tout nettoyer.
Daniel Granger, porte-parole de la Fabrique Notre-Dame
«Ce n’est pas nous qui avons déclenché la grève», souligne-t-il. «On le regrette, mais ce n’est pas nous qui avons cherché cette situation.»
Les familles endeuillées sont tout de même prises en charge, assure M. Granger. La Fabrique serait par exemple allée déposer des fleurs sur une tombe à la demande d’une famille de Vancouver, illustre-t-il. «On fait tout ce qu’on peut pour accommoder.»
Il n’y a pas d’échéancier pour la réouverture du cimetière au public ni pour la fin du conflit de travail, poursuit-il. Notons qu’un conciliateur a été assigné au dossier par le ministère du Travail pour faciliter les discussions entre les parties.