Une personne à mobilité réduite, Jérôme Saunier, n’a pas réussi à obtenir le service de déneigement de l’arrondissement «de la porte à la rue». Il n’est pas le seul dans cette situation à Verdun, l’arrondissement ayant refusé 22 demandes cette année.
«Que comptez-vous faire pour élargir ce service?», a demandé M. Saunier lors de la dernière séance du conseil d’arrondissement. L’homme bénéficie de l’aide de sa conjointe pour déneiger l’entrée de son domicile.«J’ai fait une demande de service uniquement pour tester le système. Si ma demande avait été acceptée, j’aurais laissé ma place à quelqu’un d’autre», admet-il.
La mairesse de Verdun, Marie-Andrée Mauger, lui a répondu qu’un appel à projets avait été lancé l’automne dernier et que l’arrondissement pouvait venir en aide à une quarantaine de ménages. En effet, sur les 66 demandes reçues pour le service d’aide au déneigement du programme Brigade neige, 44 d’entre elles ont été acceptées.
Ce service est offert aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite grâce à la collaboration de l’organisme Repaire jeunesse Dawson et à une contribution financière de 10 000 $ de la Ville de Montréal. M. Saunier estime que le service est sous-financé. «C’est un budget d’austérité qui n’a pas lieu d’être à une époque où les gouvernements et la Ville montrent qu’il n’y a pas vraiment de limites à leurs dépenses pour soutenir les individus et les entreprises. Ce n’est pas le moment de faire des économies de bouts de chandelle», dénonce le Verdunois.
Selon lui, il faut offrir le service à toutes les personnes qui en ont besoin en adoptant une politique de zéro refus.
Nous avons besoin qu’on respecte notre droit de jouir d’une vie autonome comme toute autre personne. Le service public de déneigement permettrait d’atteindre cet objectif s’il était offert à toutes les personnes qui en ont besoin. C’est une question d’équité et de justice sociale.
Jérôme Saunier
Pelle solidaire
Pour bonifier le service d’aide au déneigement, l’arrondissement de Verdun a mis sur pied, pour un deuxième hiver consécutif, le programme de La pelle solidaire. Cette année, 28 pelles ont été distribuées par l’arrondissement à des personnes qui se sont portées volontaires pour aider un voisin à déneiger son entrée jusqu’au trottoir.
«On pousse vers une formule hybride: fournir de l’aide à une quarantaine de ménages, peut-être plus éventuellement, mais aussi stimuler la solidarité entre voisins et la vie communautaire, a répondu Mme Mauger lors de la séance du conseil. Peut-être qu’éventuellement on ira vers du jumelage un peu plus organisé.»
L’arrondissement propose déjà des jumelages entre des personnes qui se portent volontaires pour le programme de La pelle solidaire et les personnes qui souhaitent bénéficier de cette aide. Pour l’instant, l’arrondissement a réalisé un jumelage de ce type.
M. Saunier juge que le programme de La pelle solidaire est certes un beau geste d’entraide, mais qu’il présente des lacunes. Il souligne que tous ne peuvent pas compter sur leurs voisins. «Les personnes isolées qui ne connaissent pas leurs voisins, elles font quoi sans l’aide de la Ville? Les personnes vivant dans des rues où aucun voisin ne se porte volontaire pour déblayer leur devanture font quoi?», se questionne le résident.
Il trouve aberrant qu’un service essentiel dépende du bon vouloir et de la charité d’autrui. En tant que personne qui se déplace en fauteuil roulant, M. Saunier perçoit le message suivant: les personnes handicapées ou à mobilité réduite coûtent trop cher et il est normal de les laisser à elles-mêmes après un certain seuil.
Le souhait de Jérôme Saunier est que l’hiver prochain la Ville octroie des ressources humaines et financières plus adéquates pour le déneigement.
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