«La répression seule ne résoudra rien». C’est le leitmotiv du commandant Migüel Alston qui fait du dialogue et de la médiation ses meilleures armes pour améliorer les relations entre policiers et citoyens.
«Je suis conscient que le lien de confiance entre le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) et les citoyens peut avoir été affecté à la suite de certaines interventions, reconnait-il. Mais à la veille de la commémoration du 10e anniversaire du décès de Fredy Villanueva, je veux que les citoyens se rendent compte que le SPVM a évolué depuis 2008.»
Cinq mois après son entrée en fonction au Poste de quartier 39 (PDQ 39), le commandant Migüel Alston tient un discours qui n’est pas sans rappeler les sévères critiques formulées dans le rapport d’enquête publique du Bureau du coroner sur les causes et circonstances de cet évènement. Mais il fait surtout écho aux recommandations émises dans ce rapport qui ne s’adressaient pas uniquement aux agents du PDQ 39, mais à l’ensemble du SPVM et aux formateurs de l’École nationale de police.
Visibilité et prévention
Dès son arrivée au PDQ 39, à l’automne dernier, le commandant Alston a voulu «être partie prenante» de sa nouvelle communauté en se rapprochant des différents organismes, des élus et en s’impliquant sur le terrain.
«J’ai été frappé par l’importance du tissu social qui est très fort à Montréal-Nord», remarque-t-il très rapidement. Toute la communauté se mobilise pour son quartier», ajoute celui qui en quelques mois à peine a le sentiment d’avoir été intégré à «cette grande famille».
«Si on ne s’attaque pas aux problèmes sociaux en amont avec les autres acteurs du milieu, c’est là qu’ils se transformeront en autres problèmes qui termineront dans la cour du SPVM.»
Commandant Migüel Alston
De la table <@Ri>Paix et sécurité urbaines<@$p> où il siège, à sa participation à diverses consultations citoyennes ou aux fêtes de quartier, le commandant joue volontiers les ambassadeurs de l’institution qu’il représente afin d’établir une relation de rapprochement et d’échange avec la population qu’il dessert.
«On fait partie de cette communauté-là. Dernièrement, je me suis beaucoup impliqué dans le cadre du Mois de l’Histoire des Noirs et j’ai patiné moi-même il y a deux semaines à la Fiesta familiale au parc Le Carignan», partage-t-il.
Convaincu que c’est aussi en étant visible que le SPVM arrivera à prévenir les comportements répréhensibles, Miguel Alston estime que ces activités ont un double bénéfice. Elles aident à la fois les policiers à mieux connaître le milieu dans lequel ils évoluent tout en démystifiant le travail des forces de l’ordre dans leur quotidien.
«Cela passe par un dialogue et une médiation, affirme-t-il. Mais les policiers n’y arriveront pas tout seul.»
Le commandant souligne également que la formation des policiers a été repensée, notamment pour être plus axées sur des notions de droits et libertés.
«Il ne faut pas oublier qu’il y a un humain derrière l’uniforme. En 2018, je mise sur le savoir-être de nos policiers pour dialoguer avec nos citoyens», explique Miguel Alston qui dit avoir donné des «orientations précises» à ce sujet à l’escouade qui patrouillera Montréal-Nord en vélo dès que la météo le permettra.
«Nos patrouilleurs à vélo ont justement plus de temps et plus de proximité pour échanger avec les gens», glisse M. Alston.
Consolider les ponts
En janvier 2017, un sondage du SPVM révélait que les Nord-Montréalais se montraient de plus en plus inquiets pour leur sécurité. Selon les données publiées, les résidents du PDQ 39 étaient beaucoup plus nombreux que la moyenne montréalaise à ressentir des problèmes de violence (47 % vs 28 % pour Montréal), de drogue (59 % vs 44 %), de gangs de rue (57 % vs 24 %), de flânage ou d’attroupement de jeunes (54 % vs 38 %).
Sur ce dernier point, «la cohabitation de tous dans l’espace urbain» est une des quatre priorités qui ont été identifiées par le SPVM à l’issue d’une «séance de consultation et de co-conconstruction» avec les acteurs de la société nord-montréalaise.
«Un groupe de jeunes à une intersection ne devrait pas faire peur. Ils ont le droit d’être là, tient à rappeler le commandant. D’où l’importance, encore une fois, de travailler sur le lien de confiance pour être en mesure de faire évoluer certaines perceptions des communautés aussi».
Malgré les efforts entrepris par le commandant Alston et son prédécesseur, force est de constater que ce lien de confiance est encore parfois fragile. Entre 2013 et 2016, le taux de satisfaction des citoyens envers les policiers du PDQ 39 a chuté de plus de 50 % (53,8 %).
Mais, selon le commandant, ces données sont du passé, et la tendance se serait même déjà inversée. Chiffres à l’appui, il affirme qu’un sondage réalisé entre mars et octobre dernier montrait au contraire que 94 % des personnes qui avaient appelé le 911 s’étaient dites «satisfaites» ou «très satisfaite» de leur expérience avec le SPVM.
Afin de garder ces indicateurs dans le vert, le commandant Alston et son équipe travailleront également en priorité sur la prévention de la maltraitance envers les aînés, les violences conjugales et sur les questions de sécurité routière dans l’arrondissement qui compte pas moins de 30 traverses scolaires.