Paule Robitaille, candidate libérale élue à Bourassa-Sauvé, échappe à la vague bleue claire qui a déferlé sur la province. Selon elle, son parti a payé un fort prix pour avoir mal défendu son bilan, notamment en santé. Pour rebâtir, les libéraux devront écouter le mécontentement des électeurs et tendre la main aux francophones.
Malgré une perte de près de 15 points par rapport aux dernières élections de 2014, la députée nouvellement élue à Bourassa-Sauvé refuse de parler de résultat décevant pour les libéraux dans ce château fort du PLQ.
«Avec 46% des voix, je fais mieux qu’en 2012, où l’on avait obtenu 42% des suffrages, rétorque Paule Robitaille. Dans ce contexte de raz-de-marée opéré par la CAQ, nous pouvons nous féliciter de conserver notre assise à Montréal-Nord.»
Face à la déferlante caquiste, la nouvelle députée de Bourassa-Sauvé tente d’analyser la défaite cuisante de son parti. Si elle affirme comprendre le désaveu des citoyens, elle refuse néanmoins d’accabler son parti et tire un bilan positif des années libérales.
«Je pense notamment que les gens ont été très réticents à notre réforme sur la santé, analyse Mme Robitaille. Ils n’ont pas compris la hausse de salaire des médecins spécialistes, alors que nous procédions à des coupures budgétaires dans d’autres secteurs.»
Pourtant, elle continue de soutenir le bilan des années Couillard, estimant que toutes ces mesures étaient nécessaires.
«Ces réformes ont permis d’assainir les dépenses publiques, il fallait le faire, continue la députée. Quand on gère un gouvernement, on prend des mesures qui ne sont pas l’affaire de tous. Nous n’avons pas su les expliquer, et nous en payons le prix aujourd’hui.»
Elle estime en outre que son parti n’a pas su convaincre une frange importante de l’électorat québécois.
«Il faut que le Parti libéral trouve une façon d’aller chercher les québécois de souche qui ont délaissé le PLQ lors de ces élections. Il faut écouter les voix de ces personnes qui nous ont exprimé leur mécontentement dans les urnes.» -Paule Robitaille, députée de Bourassa-Sauvé
Ses priorités pour Montréal-Nord
La députée fraichement élue compte désormais poursuivre l’action menée par Rita De Santis auprès des organismes communautaires.
«Madame de Santis a fait un formidable travail de terrain, elle était très à l’écoute des acteurs locaux, souligne Paule Robitaille. Je vais continuer en ce sens, en essayant d’être très présente auprès des acteurs locaux.»
Ses priorités seront axées sur le décrochage scolaire, l’emploi, et la santé.
«Une arrivée de plusieurs médecins est déjà prévue, et nous allons poursuivre les efforts menés en ce sens, assure Mme Robitaille. Si les jeunes médecins veulent exercer à Montréal, ils devront désormais le faire dans les zones où il y a un besoin criant, telles que Montréal-Nord. J’espère que François Legault ne démontera pas cette mesure.»
Son parti étant désormais relégué sur les bancs de l’opposition, la députée devra donc travailler de pair avec une majorité caquiste. Si l’ancienne journaliste prend acte de la victoire du parti de François Legault, elle se dit toutefois préoccupée sur la politique de la CAQ en matière d’immigration.
«Ici, à Montréal-Nord, où il y a une forte proportion de nouveaux arrivants, j’ai senti une réelle inquiétude, affirme Paule Robitaille. Au soir de l’élection, plusieurs membres de la communauté maghrébine me disait craindre une banalisation des discriminations, à cause du discours de la CAQ en matière d’immigration.»