À l’aube de la rentrée, le directeur de l’école secondaire Henri-Bourassa promet d’œuvrer à restaurer le lien de confiance entre les élèves et leur établissement scolaire, effrité l’année dernière en raison de multiples allégations de racisme visant un enseignant d’histoire.
Le 3 décembre 2020, Younes El Rhafiki prend les rênes de l’école secondaire Henri-Bourassa, quelques jours à peine après le congédiement hautement médiatisé de l’enseignant Vincent Ouellette. M. Ouellette a été dénoncé pour avoir tenu en classe des propos qualifiés de racistes et xénophobes. Le directeur raconte aujourd’hui à Métro qu’il mesurait alors pleinement l’ampleur du défi qui l’attendait.
«Il fallait rassurer et accompagner les élèves, mettre un filet de sécurité. Il y avait aussi les parents et le personnel, qui était très affecté, avec qui il fallait instaurer un climat de confiance», raconte M. El Rhafiki, auparavant directeur adjoint de l’école Antoine-de-Saint-Exupéry, à Saint-Léonard.
Il succède à Sébastien Tremblay, réaffecté à l’École virtuelle au Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’île (CSSPI). Ce changement de garde s’est fait peu après que les Béliers solidaires, un collectif d’élèves et d’anciens élèves de l’école Henri-Bourassa, ont décrié le racisme et les propos offensants de l’enseignant ainsi que le traitement de leurs plaintes par la direction en place.
Un processus amorcé
Neuf mois plus tard, Younes El Rhafiki prépare sa première rentrée automnale à l’école Henri-Bourassa. Le directeur est conscient qu’il incarne un changement pour l’établissement.
Mais il insiste sur le fait que le processus de sélection des directions au CSSPI est rigoureux, axé sur le profil du candidat, mais surtout sur les compétences et les besoins de l’école.
Pour réinstaurer la confiance dans la tempête, il affirme avoir eu le soutien indéfectible du centre de services scolaires.
«Avant que j’arrive, des choses étaient déjà amorcées. Un comité avait été mis en place pour soutenir les élèves, avec des psychoéducateurs, les animateurs de la vie étudiante et spirituelle et des psychologues. Ils ont fait des tournées des classes, des ateliers en lien avec ce qui s’est passé, en lien avec le racisme», explique-t-il.
Les gens étaient ébranlés, avoue-t-il, mais pas tous au même niveau. Certains n’étaient pas du tout au courant de ce qui s’était passé, d’autres avaient entendu des bribes. Et enfin, certains étaient très affectés par les allégations de racisme, à cause du très fort sentiment d’appartenance qu’il y a à l’école Henri-Bourassa.
Tourné vers l’avenir
Pour gagner la confiance des élèves et du personnel, mais aussi de la communauté, le travail n’est jamais terminé, affirme le directeur.
Sa mission est de recentrer l’identité de l’école autour de sa mission éducative et de son code de vie, axé sur le vivre ensemble, et d’inclure les élèves dans les décisions.
«Il y a eu cette situation, mais il y a eu des belles choses qui se passent à l’école Henri-Bourassa. On a des activités étudiantes, de très bons enseignants. Le défi, c’est de mettre ça en valeur pour ramener cette confiance en le fait que l’école Henri-Bourassa, c’est une très bonne école.»
Une rentrée dans l’incertitude
C’est dans un climat d’incertitude que Younes El Rhafiki prépare la rentrée des classes, alors que la menace du variant Delta pèse sur Montréal et que les directives gouvernementales arrivent au compte-gouttes.
«C’est sûr que ma tête tourne. Je me dis, si j’ai d’autres consignes, comment je vais m’adapter», confie le directeur.
Quoi qu’il arrive, M. Rhafiki espère avant tout pouvoir accueillir les élèves en personne. «On veut que nos élèves soient à l’école. L’école à distance un jour sur deux, c’était un choix obligé. Mais les élèves, ils l’ont nommé, ils veulent être à l’école, avec leurs amis.»