Pendant plus d’une dizaine d’années, Ronide Casséus a veillé sur les jeunes de Montréal-Nord comme une «lionne sur ses petits». Un engagement reconnu ce mois-ci par le député libéral de Viau, Frantz Benjamin.
Les HLM Place Normandie rappellent bien des souvenirs à celle qu’on appelait «Roro» ou «Ninide». Au début des années 2000, son appartement se trouvait en face du terrain de jeu des enfants, mais surtout, à deux pas du local où elle passait le plus clair de son temps avec les adolescents du quartier.
«Parfois j’étais encore là à minuit, d’autres fois à deux ou même à cinq heures du matin. Tant que les jeunes avaient besoin de moi, j’étais là», raconte l’ancienne intervenante de milieu, désormais entrepreneure en développement personnel.
À l’époque, son fils était en bas âge. Mais les jeunes de Place Normandie, elle les considérait un peu comme ses propres enfants. Au local, elle organisait des soirées de jeux et cuisine avec eux. Que ce soit du spaghetti, des plats orientaux ou haïtiens, chacun mettait la main à la pâte.
Bien plus qu’un local
Tatiana Durosin, elle, se rendait au local tous les jours quand elle était adolescente. Aujourd’hui éducatrice en petite enfance, elle croit que sa vie serait bien différente si elle n’avait pas croisé le chemin de cette intervenante. «Je serais probablement en prison», spécule-t-elle.
«Ronide était toujours là. Elle répondait à son téléphone à n’importe quelle heure lorsqu’on avait besoin d’elle», se souvient la jeune femme. C’est en alimentant son intérêt pour la danse que l’intervenante a éloigné Tatiana de certaines de ses fréquentations. «J’ai rencontré des nouvelles personnes et on a fondé une troupe de danse. On a même eu des contrats dans des mariages», raconte-t-elle.
À l’époque, je traversais une mauvaise passe et elle m’a prise sous son aile. Ronide Casséus était bien plus que mon intervenante, elle était une amie, presqu’un membre de ma famille.
Tatiana Durosin
Un travail reconnu
Le député libéral de Viau, Frantz Benjamin, tenait à ce que le travail accompli par Ronide Casséus dans Montréal-Nord soit reconnu. C’est pourquoi il lui a remis un certificat de l’Assemblée nationale du Québec le mois dernier.
Celui qui est aussi porte-parole de l’opposition pour la Métropole connaît bien l’ancienne intervenante. Leurs chemins se sont croisés alors qu’il était conseiller municipal. Non seulement il l’a vue travailler, mais il a rencontré plusieurs de ses protégés.
«Ce n’est pas quelqu’un qui parle fort, mais c’est quelqu’un qui agit», résume-t-il.
Une reconnaissance qui touche la principale intéressée. Mais elle tient surtout au lien qu’elle a établi avec les jeunes qu’elle a connus, aujourd’hui devenus adultes. «Ils ont beau être rendus à 25 ou 30 ans, parfois je les chicane comme s’ils étaient encore des adolescents.»