Les travailleurs de rue se comptent sur les doigts d’une main à Montréal-Nord, alors que la violence armée et les fusillades font les manchettes. Au printemps, l’arrondissement ne comptait que trois intervenants du genre. Ils seront bientôt six grâce au financement de deux fondations privées.
Les travailleurs de rue relèvent du Café jeunesse Multiculturel, un organisme implanté dans Montréal-Nord depuis plus de 35 ans.
Pendant une quinzaine d’années, les intervenants étaient en grande partie financés par la Ville de Montréal. Or, cette année, la Ville a sélectionné d’autres projets, entre autres le recrutement de deux travailleurs de milieu à Hoodstock.
Dans ce contexte, le soutien des fondations Saputo et Chagnon était inespéré.
«On était pris dans une situation difficile, on risquait de perdre tout le travail fait, toute l’expertise qu’on avait bâtie au fil des ans», explique le coordonnateur du Café-jeunesse Multiculturel, Slim Hammami.
Six travailleurs de rue, ça va nous permettre de combler le retard accumulé depuis 15 ans.
Slim Hammami, coordonnateur du Café-jeunesse Multiculturel
De trois à six
Selon ce qu’a appris Métro, les deux fondations verseront au total plus de 300 000$ à l’organisme pour une durée d’au moins un an.
Cela lui permettra non seulement de garder ses trois intervenants, mais d’en embaucher d’autres. Victoria est arrivée dans les dernières semaines. Deux autres recrues se joindront à l’équipe bientôt.
L’équipe veut s’assurer de bien les choisir et de bien les former, pour qu’elles restent dans le milieu à long terme.
« Il faut au moins un an et demi pour bien former un travailleur de rue. Il faut que la personne s’intègre dans le quartier et soit acceptée, qu’elle définisse quel genre d’expertise elle veut développer avec les jeunes», explique Roberson Berlus, intervenant depuis plus d’une quinzaine d’années.
Au-delà de la criminalité
Tous les travailleurs de rue du Café-jeunesse ont gravité de près de loin autour de l’organisme dans leur jeunesse, ce qui permet de gagner du temps.
Agandir l’équipe permettra de faire encore plus d’interventions en amont, avant que les jeunes deviennent marginalisés et que les conflits émergent.
On n’est pas des pompiers. On ne peut pas arriver et arrêter une bataille en quelques secondes si on ne connaît pas les jeunes. Si on intervient avant, quand ils ont des problèmes à la maison, on peut éviter qu’ils se rendent là.
Roberson Berlus, travailleur de rue du Café-jeunesse Multiculturel
Le financement a été accordé pour un an pour l’instant, mais Slim Hammami a bon espoir qu’il sera renouvelé dans les prochaines années.