Un Plan d’action collectif en matière de violence conjugale et violence dans les relations intimes chez les jeunes se déploiera sur cinq ans à Montréal-Nord. Près d’une trentaine d’actions seront entreprises pour tenter de faire mentir d’ici 2027 les statistiques effarantes qui font de l’arrondissement celui comptant le plus grand nombre de victimes de violence conjugale dans la métropole.
La Table femmes Osez au féminin (TFOF), la Table Paix et Sécurité urbaines de l’arrondissement de Montréal-Nord (TPSU) et la Table de quartier de Montréal-Nord (TQMN) ont réagi à l’unisson aux révélations inquiétantes contenues dans une étude parue en 2019. Celle-ci mettait en lumière un problème majeur de violence faite aux femmes et aux filles nord-montréalaises et le caractère insuffisant et inadéquat des services disponibles pour les protéger.
De la mobilisation inédite de ces trois instances de concertation du territoire a émané une stratégie élaborée, préconisée et validée par la littérature scientifique, des acteurs du milieu et des professionnels pour enrayer ce fléau social.
«Une façon de faire à la nord-montréalaise»
Tout comme sa conception, la mise en œuvre du plan exigera l’effort collectif des différentes parties prenantes de la communauté pour espérer avoir des répercussions systémiques sur l’ensemble du territoire.
Cette façon de faire «particulière» est propre à Montréal-Nord, croit la mairesse d’arrondissement, Christine Black. «On travaille les enjeux de façon collective. L’idée, c’est de travailler ensemble avec une vision commune pour arriver à avoir un impact réel dans le quartier sur les différents enjeux.»
Le plan d’action prévoit entre autres la familiarisation des jeunes – un des groupes d’intervention ciblés – aux diverses formes de violences qui nécrosent les relations intimes. Ce travail de démystification s’appuiera entre autres sur des campagnes de prévention et de promotion de relations saines et égalitaires. Mieux outillés, les jeunes seront ainsi plus susceptibles de développer et d’entretenir des relations non violentes à l’âge adulte.
Des démarches de prévention et de sensibilisation seront aussi entreprises à l’intention des personnes constituant l’entourage de l’enfant. Les parents, le corps enseignant, le voisinage et les entraîneurs de sport sont ainsi identifiés comme des figures de proximité pouvant influencer positivement la jeunesse nord-montréalaise et contribuer à enrayer certains tabous.
Les acteurs du milieu de la santé et des services sociaux, communautaires, policiers et scolaires seront aussi formés afin de pouvoir mieux détecter et répondre aux situations problématiques, malgré la concomitance d’autres enjeux comme celui de la santé mentale, de la toxicomanie et de la pauvreté.
Le plan d’action tentera également de reconstruire la confiance des victimes à l’égard du système judiciaire. Des efforts de sensibilisation et de formation seront déployés auprès des acteurs issus des forces policières, du domaine de l’immigration, du droit et des services psychosociaux, afin d’uniformiser leur compréhension du problème de la violence conjugale et de la violence entre partenaires intimes chez les jeunes ainsi que du fonctionnement du système judiciaire. Une vision commune de ces enjeux permettrait un meilleur accompagnement des personnes concernées dans cet univers souvent redouté ou méconnu.
La contribution de l’Arrondissement
Outre sa contribution partielle au financement d’une telle feuille de route, la mairesse Christine Black considère que la part de l’Arrondissement dans ce «travail collectif» consiste à envoyer un message clair aux citoyens de Montréal-Nord: «La violence conjugale est inacceptable et elle doit être dénoncée.»
Ces derniers mois, l’Arrondissement a ainsi mis en œuvre plusieurs actions de communication: installation d’affiches, distribution de dépliants et de feuillets informatifs dans les établissements et les parcs de l’Arrondissement, ainsi que diffusion de ressources pour les victimes et les témoins de violences sur les réseaux sociaux de la mairie.