Montréal-Nord

Création d’entreprises: les nouveaux projets sur la glace

Les services aux entrepreneurs de Montréal-Nord, de Saint-Léonard, d’Anjou, de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et de Montréal-Est seront bientôt regroupés sous un même toit. Le territoire montréalais sera ainsi partagé entre six organismes de développement économique qui disposeront d’un budget coupé de moitié.

Le maire Denis Coderre a présenté son projet de réforme à des élus, le 30 janvier. Celui-ci vise à fusionner les neuf centres locaux de développement (CLD) et à modifier la structure des neuf corporations de développement économique et communautaire (CDEC).

En attendant la mise en place de cette réforme, les services aux entrepreneurs ont été mis sur la glace à Montréal-Nord et tous les nouveaux projets doivent attendre. Durant cette période, les entrepreneurs ne pourront pas se tourner vers le Carrefour jeunesse-emploi qui a dû abandonner son volet entrepreneuriale.

«Nous ne prenons plus de nouveau projet parce que nous ne pouvons plus émettre de financement, alors nous travaillons à finaliser nos dossiers», déplore Jean Touchette.

Le directeur du CLD Montréal-Nord affirme avoir refusé des projets avec un bon potentiel et il s’inquiète des effets de ces délais.

Il craint également les coupes dans le budget des CLD et des CDEC qui passera de 14M$ à 7,5M$.

«Si on coupe 50% des ressources, on risque de ne plus livrer la marchandise. Les entrepreneurs aiment ça quand ça va vite alors, si on les refoule à la porte, ils iront voir ailleurs», affirme le directeur.

La situation inquiète également des entrepreneurs de Montréal-Nord.

Compétition malsaine
La nouvelle structure sera déterminée le 10 février, selon un mémo interne du directeur du développement économique de la Ville.

«À la suite de cette étape, nous procéderons à l’élaboration des nouvelles ententes entre la Ville de Montréal et ces six organismes à but non lucratif. L’échéancier fixé est le 15 mars», a écrit Serge Guérin.

Ces six organismes seront chapeautés par de nouveaux conseils d’administration de douze membres. Ceux-ci seront composés d’élus, d’entrepreneurs, de professionnels et de représentants des milieux de la recherche et de l’innovation, de l’économie sociale et des associations d’affaires. Les organismes communautaires, les syndicats, les institutions et les citoyens n’y seront pas représentés.

«Il faudra que chaque quartier soit présent sur le conseil d’administration pour faire entendre sa voix», souligne toutefois la députée de Bourassa-Sauvé, Rita DeSantis.

Pour la députée libérale, le modèle des CLD favorisait une compétition malsaine entre les quartiers, une position que partage le conseiller Jean-Marc Gibeau.

«Avant les fusions, il y avait plus de « tirage de couverture ». Maintenant, on peut travailler pour le bien-être du grand Montréal», explique le conseiller de Ville qui souligne que Montréal-Nord a de nombreux points communs avec les autres arrondissements du regroupement.

«À première vue, ça va même permettre de donner un nouvel élan aux CLD, ajoute celui qui a présidé l’organisme durant plus de cinq ans. Présentement, il offrait des services très locaux, mais c’est le début d’un temps nouveau.»

Coupe de financement
Pour justifier sa réforme, le directeur du développement économique de la Ville évoque les compressions de 75M$ imposées à la Ville dans le pacte fiscal transitoire du gouvernement du Québec.

«Cette révision doit être vue comme une opportunité d’optimiser le système actuel afin de mieux répondre aux besoins des entreprises et entrepreneurs», a-t-il écrit aux directeurs des CDEC et des CLD.

«Il y avait plus de structure que d’aide aux entrepreneurs, explique la députée DeSantis. Il faut aussi regarder les résultats. C’est sûr qu’il y aura moins d’argent, mais il y aura aussi moins de structure.»

Malgré les compressions, le conseiller Gibeau se veut aussi rassurant.

«Après avoir pris connaissance du projet, je peux garantir que personne ne sera laissé pour compte», dit-il.

S’il reconnaît que certains entrepreneurs se retrouveront sans ressource pour la période de la réforme, il estime que la nouvelle structure devrait être opérationnelle dans de brefs délais.

Il assure aussi que les ressources de ces organismes fusionnés seront représentatives des besoins spécifiques de chaque quartier.

(En collaboration avec Marie-Eve Shaffer)

Articles récents du même sujet

Exit mobile version