La construction d’une école secondaire dans le cœur de Sainte-Geneviève, comme le prévoit le ministère de l’Éducation du Québec, est vivement contestée par les cinq élus de l’arrondissement de L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève, car elle entraînerait selon eux la perte d’identité propre à ce «village», considéré comme le bastion francophone de l’ouest de Montréal, et le déplacement de deux édifices patrimoniaux.
«C’est au cœur de Sainte-Geneviève et si jamais ce projet se concrétisait, cela mettrait fin à l’existence même de notre beau village. Je ne peux concevoir que deux édifices patrimoniaux puissent être déplacés et que neuf autres bâtiments soient expropriés», a mentionné Stéphane Côté, maire de l’arrondissement de L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève, lors d’une réunion du conseil tenue au début de la semaine dernière.
Les cinq élus de cet arrondissement ont voté unanimement une résolution visant à demander au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), à la Société québécoise des infrastructures (SQI) et au Centre de services scolaire (CSS) Marguerite-Bourgeoys de reconsidérer la localisation de l’école.
Pas au bon endroit
Selon le CSS, une nouvelle école secondaire est devenue nécessaire pour répondre à la hausse du nombre d’élèves inscrits. À la fin de 2019, la SQI a donc été mandatée par le MELS pour ériger une nouvelle école secondaire à l’intérieur de l’arrondissement.
La capacité d’accueil projetée était alors de 900 élèves répartis dans 35 groupes. L’emplacement choisi est celui du site correspondant au stationnement du cégep Gérald-Godin, incluant quelques propriétés en bordure du boulevard Gouin Ouest et de la rue de la Caserne.
«Deux bâtiments d’intérêt patrimonial sont à l’intérieur du projet, ce qui aura pour conséquence leur démolition, explique la conseillère d’arrondissement de Sainte-Geneviève, Suzanne Marceau. La nouvelle école fera face au cégep et à la salle Pauline-Julien, un ensemble historique et d’intérêt patrimonial à la fois constitué d’un ancien bâtiment érigé en 1930 avec une architecture d’inspiration monastère lombard du nord de l’Italie du 11e siècle et d’une partie agrandie d’inspiration contemporaine de quatre étages conçue en 1999 par la firme Saucier Perrotte.»
Pourquoi pas à L’Île-Bizard ?
«Le village de Sainte-Geneviève est localisé dans un secteur d’une valeur patrimoniale exceptionnelle, identifié au Plan d’urbanisme de la Ville de Montréal, indique le sommaire décisionnel de la résolution adoptée par les élus de l’arrondissement. Le tissu urbain, les bâtiments typiques et les caractéristiques paysagères (vues, arbres, repères, etc.) en font un village relativement bien conservé à l’intérieur de l’île de Montréal. Et cela, malgré les pressions urbaines qui augmentent sans cesse depuis les années 1950.»
La conseillère Marceau propose au MELS d’étudier la possibilité de relocaliser l’école secondaire près du centre sportif Saint-Raphaël de L’Île-Bizard et du grand parc nature du Bois-de-L’Île-Bizard.
Cette relocalisation permettrait un échange non négligeable d’offres sportives et éducatives aux élèves de l’école, ou sur tout autre terrain de l’île offrant des accommodements enviables. De plus, la fin de la construction du nouveau pont entre l’île Bizard et Montréal se termine bientôt, en 2024.
Suzanne Marceau, conseillère d’arrondissement de Sainte-Geneviève
Les cinq élus de l’arrondissement sont convaincus que leur décision de refuser l’emplacement de l’école secondaire à Sainte-Geneviève est partagée par la grande majorité de leurs citoyens.