Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Maison du citoyen: la statue de Marguerite-Bourgeoys et la croix en fer bientôt de retour?

Le monument commémoratif, qui mettait en valeur la statue de Marguerite Bourgeois et la croix du premier couvent, a été offert aux religieuses par les citoyens de Pointe-aux-Trembles.

Une statue de Marguerite Bourgeoys et une réplique de la croix  en fer forgé de la toute première école pour filles de Pointe-aux-Trembles pourraient être réinstallées sur le site de la Maison du citoyen, un ancien couvent qui abrite aujourd’hui la mairie de l’arrondissement et plusieurs comptoirs de services municipaux.

Une demande en ce sens, formulée par l’Atelier d’histoire de la Pointe-aux-Trembles (AHPAT), a été déposée au conseil d’Arrondissement du mardi 7 mai par la conseillère de ville Suzanne Décarie.

La statue et la croix originale (forgée en 1690 et dérobée en 2004), se trouvaient sur le terrain de l’actuelle Maison du citoyen, qui était un couvent des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame avant que la Ville n’en fasse l’achat en 2011.

« Nous souhaitons mettre en valeur la contribution de Marguerite Bourgeoys, une femme qui a fondé une institution qui s’est consacrée à l’éducation des jeunes filles à Pointe-aux-Trembles dès 1690 », affirme le conservateur de l’AHPAT, Claude Belzil.

Lors de l’achat du couvent, l’arrondissement s’était engagé à mettre en valeur les deux artéfacts une fois les travaux de sa nouvelle demeure complétés. C’est sur ce terrain qu’a été fondée l’une des premières écoles par Marguerite Bourgeoys et ses compagnes sur l’île de Montréal.

« Puisque cette demande a été faite à la suite d’un engagement de notre arrondissement et que maintenant nous avons terminé l’aménagement extérieur du côté Est ainsi que la rénovation du bâtiment, je crois que cette demande est tout à fait justifiée », a déclaré Mme Décarie.

Une statue restaurée entreposée deux ans
La statue de Marguerite Bourgeoys avait été offerte à la congrégation en 1959. Elle a été vandalisée il y a une quinzaine d’années, au même moment où la croix de fer originale a été dérobée.

La restauration est terminée depuis plus de deux ans, et l’œuvre est entreposée dans le sous-sol de l’église Saint-Enfant-Jésus.

Bien que les travaux pour aménager la Maison du Citoyen expliquent une partie de ces délais, l’idée d’intégrer des symboles religieux dans un bâtiment municipal aurait également refroidi certaines ardeurs.

« Ils hésitaient à mettre une statue avec un rappel religieux à l’intérieur de l’immeuble, admet M. Belzil. En face d’enjeux religieux, les gens sont mal à l’aise. Mais pour nous, ce n’est pas une dimension religieuse, mais éducative. »

L’AHPAT avait d’ailleurs soumis un projet de mise en valeur des deux objets dans l’entrée est de la Maison du Citoyen, qui semblait sur la bonne voie, se souvient Maurice Day, un artiste de l’AHPAT qui s’est vu confier le délicat mandat de restauration. Selon lui, tout était réglé, il avait même construit le piédestal, avant que le projet n’avorte subitement.

Fait à noter, le conseil d’arrondissement ne semble pas avoir été mis au courant de ces discussions. Suzanne Décarie affirme ne pas avoir entendu parler de cette proposition, ni même avoir été informée que la restauration était complétée.

« Je n’ai pas de problème à ce que la croix et la statue soient à l’extérieur, c’est là où ils étaient auparavant, lance M. Belzil. On pourrait l’installer là où se trouvait l’entrée du premier couvent, plus près du fleuve. »

Selon Mme Décarie, l’arrondissement devrait rapidement répondre à la demande.

L’artiste Maurice Day a restauré la statue avec de la potée automobile, un plastique qui devient très dur, et a repeinturé avec de la peinture automobile en aérosol. Il a, entre autres, dû refaire le nez et deux doigts.

Quelques dates clés
1690 : Fondation du Couvent de Pointe-aux-Trembles, la première école pour filles du village. Il s’agit d’une modeste maison de bois, surmontée d’une croix en fer forgé. Il fut plusieurs fois agrani ou reconstruit, entre autres après avoir été ravagé par les flammes en 1922

1924 :le 4e couvent, devenu la Maison du Citoyen, est inauguré.

1959 : Inauguration du monument commémoratif, une coupole en pierre des champs abritant une statue de Marguerite Bourgeois et la croix du tout premier couvent.

1975 : Les sœurs se retirent de l’enseignement, après 300 ans voués à l’éducation à Pointe-aux-Trembles

2004 : Le monument commémoratif est vandalisé : la statue est abimée, et la croix dérobée. Elle ne sera jamais retrouvée.

2009 : Les religieuses quittent définitivement le couvent.

2009 : Un étudiant de l’École des métiers de l’acier de la CSPÎ crée une reconstitution à l’identique de la croix, qui sera bénie le 20 juin.

2011 : Le bâtiment est vendu à l’Arrondissement pour créer la Maison du Citoyen.

2016 : Ouverture de la Maison du Citoyen

2016 : Travaux de restauration de la statue terminés

2017 : Premier projet de mise en valeur des deux objets, non retenu

2019 : L’AHPAT demande le retour des deux artéfacts patrimoniaux sur le site

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