Les parents auront beau multiplier les jeux et les activités éducatives pour meubler les journées de congé forcé de leurs enfants, le risque qu’ils finissent par perdre les nerfs est bien réel en situation de confinement des familles. La communication et la stabilité seront alors les soupapes qui feront baisser la pression, selon deux experts de l’UQAM.
Crises, caprices et confrontations : des comportements normaux qui risquent de faire sortir les parents de leurs gonds alors que tout le monde est coincé à la maison 24 heures sur 24.
Pour les désamorcer, il faut d’abord les comprendre. « Il faut savoir que l’enfant est lui aussi stressé », souligne Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue clinicienne à l’UQAM. Privés de classes et de journées à la garderie, les enfants ont perdu leurs repères. Forcément, leur humeur va en pâtir.
La communication est un excellent moyen de faire baisser la pression, indique Mme Beaulieu-Pelletier : « On peut faire le point sur les hauts et les bas de la journée en famille, au repas par exemple ».
Pour les plus petits, les mots n’ont pas autant d’importance qu’une présence physique rassurante. Passer un moment silencieux assis côte à côte peut avoir un impact positif.
Pour tenter de retrouver des habitudes, Geneviève Beaulieu-Pelletier conseille de « faire une planification par bloc tout en se donnant de la flexibilité ».
« C’est une période d’ajustement, on ne peut pas faire comme avant, alors il faut être créatif ! », insiste la psychologue. Cette démarche peut se traduire par des périodes de détente, de travail et d’autonomie, que ce soit avec ou sans le parent.
De son côté, Stéphane Villeneuve, professeur du département didactique de la faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, conseille d’établir « des règles et des pauses pendant la journée et accorder du temps de qualité aux enfants ».
Place à l’autonomie
Selon Mme Beaulieu-Pelletier, ce confinement est l’occasion idéale de pousser sa progéniture à faire des choses par lui-même. Surtout dans le cas de familles monoparentales.
« Si un parent télétravaille, il faut se dire que l’on ne peut pas être présent à chaque moment », alors il faut trouver des choses à faire faire aux enfants. Regarder des émissions de télévision éducatifs, passer des appels aux proches, faire des jeux à distance avec les amis, faire des dessins, du sport…
Ou encore « faire les activités proposées par les écoles pour maintenir ou développer certains acquis à partir d’applications technologiques », propose Stéphane Villeneuve, rappelant du même souffle que les enfants doivent trouver le moyen de dépenser de l’énergie physique.
Il faut créer « une stabilité tout au long de la semaine » qui fera que « les imprévus bousculent moins les habitudes », précise-t-il. Si les enfants savent à quoi s’attendre, il y a de bonnes chances que le stress engendré par le confinement puisse être atténué.
L’observatoire des tout-petits lève le drapeau
Chaque famille n’est pas égale face au stress engendré par les impacts de la crise du coronavirus et du confinement.
« Plus les sources de stress s’accumulent au sein d’une même famille, plus le risque de situation de maltraitance augmente », prévient Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits.
L’anxiété causée chez l’adulte par une mise à pied, l’état de santé d’un proche et les scénarios catastrophe risque d’amplifier des problèmes qui existaient avant même le déclenchement des mesures de confinement.
Selon les dernières données présentées par l’Observatoire des tout-petits, près de 14 % des enfants québécois âgés de 0 à 5 ans vivent dans une famille à faible revenu. Près de 40% des mères et près de 25% des pères de tout-petits présentaient un niveau de stress élevé lié à la conciliation des obligations familiales et extrafamiliales. De plus, 11 % des mères et près de 7% des pères de tout-petits présentent des symptômes dépressifs modérés à graves.
Autant de chiffres et de situations qui pourraient s’accentuer en temps de crise, selon Fannie Dagenais. Elle rappelle que des ressources existent pour les parents au bord de la crise de nerfs, « des ressources comme Tel-Aide (514 935-1101), qui permettent de ventiler » ou encore Ligne parents (1 800 361-5085).
Les personnes aussi invitées à dénoncer toute situation de maltraitance envers les enfants auprès de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse au 514 896-3100.