Éprouvées par la pandémie depuis neuf mois, des agences de voyages sont au bord du gouffre. Elles demandent l’assouplissement de la quarantaine obligatoire au retour au pays pour se remettre à flot.
Normalement, novembre est un mois fort occupé, en raison des réservations pour les vacances dans le sud du temps des Fêtes et de la relâche scolaire du mois de mars.
Mais cette année, les réservations se font rarissimes.
«C’est vraiment très calme, très tranquille», se désole Raffaele Panetta, propriétaire de Voyages David, une agence établie sur le boulevard Maurice-Duplessis voilà plus de 35 ans.
Depuis 9 mois, son agence est presque à l’arrêt complet. Une situation bien pire qu’après les attentats du 11 septembre 2001, après lesquels il avait vu ses affaires ralentir pendant un peu plus de quatre mois.
Les affaires ne vont pas mieux à l’agence Voyages Satellite, installée à Rivière-des-Prairies depuis un mois après 50 ans sur la rue Bélanger.
«En temps normal, au mois d’août, j’ai déjà des réservations pour janvier-février. Cette année, tout est à l’arrêt», explique le propriétaire, Pat La Villa, un Prairivois de longue date.
Quarantaine obligatoire
Les agents de voyage ont subi une baisse de leur chiffre d’affaires de l’ordre de 95% depuis le mois de mars, indique Moscou Côté, président de l’Association des agents de voyages du Québec.
Ce n’est pas tant la peur du virus qui pose problème que la quarantaine obligatoire au retour de voyage.
«Les gens veulent voyager, souligne Raffaele Panetta. Mais prendre trois ou quatre semaines de vacances, personne ne peut faire ça.»
«On essaie de survivre en attendant que ça reprenne. Ça va repartir un jour, mais quand? On ne le sait pas.»
Pat La Villa, propriétaire de l’agence Voyages Satellite
L’Association des agents de voyages du Québec milite pour un «une abolition intelligente de la quarantaine».
«Les connaissances ont évolué depuis l’implantation de la quarantaine en mars, fait valoir Moscou Côté. Il y a des tests approuvés par Santé Canada qui permettent de détecter la présence de la COVID à l’arrivée au pays.»
Pas d’aide sectorielle
Contrairement aux restaurants et aux bars, les agents de voyage ne reçoivent pas d’aide gouvernementale autre que la subvention salariale d’urgence et l’aide au loyer.
«On ne reçoit aucune aide sectorielle», déplore M. Côté. Il souligne que l’industrie emploie pourtant 12 000 personnes au Québec et génère 4,5 milliards de dollars.
«Québec nous dit que la fermeture des frontières relève d’Ottawa et Ottawa, que les PME sont de compétence provinciale», rapporte-t-il.
Entre temps, Raffaele Panetta craint éventuellement devoir mettre la clef sous la porte. «Six autres mois comme ça et je ferme mes portes», dit-il.