Trop peu, trop tard disent plusieurs élèves de Pointe-aux-Trembles au sujet de la volte-face de Québec dans le dossier des bals de finissants. S’ils reconnaissent qu’un bal est un événement unique dans le cours d’une vie, ils confient ne pas avoir le cœur à la fête.
Le 8 juin, le premier ministre François Legault a annoncé que l’avancée de la vaccination chez les jeunes et la situation épidémiologique permettrait finalement la tenue des bals de finissants. La Santé publique avait pourtant envoyé des directives une semaine auparavant interdisant la tenue de ces événements, causant une grande colère chez les élèves.
Bonne nouvelle, ce revirement ? Pas si vite, répondent à Métro des élèves de l’est de Montréal. Le hic, c’est que ces fêtes ne seront permises qu’à l’extérieur, et uniquement après le 8 juillet.
«C’est trop tard. On sera passé à autre chose», fait valoir Marie-Ange Ackon, représentante des élèves au conseil d’établissement de l’école secondaire Daniel-Johnson. Dans ce dossier, elle talonne la direction depuis des mois, craignant de manquer cet événement attendu depuis la première année du secondaire. Si elle est «contente de voir qu’enfin le gouvernement a pensé à nous», elle se dit tout de même déçue de ce qui a été présenté.
Même son de cloche chez sa collègue Jeanne* : «En juillet, les gens vont être en voyage. C’est décevant».
Les deux adolescentes n’ont d’ailleurs acheté aucune robe ni aucuns souliers, pensant que l’événement serait annulé. Marie-Ange Ackon, se demande maintenant si elle va dépenser «des centaines de dollars» pour une robe «s’il y a juste la moitié des élèves qui viennent».
Rodney Domany, finissant à l’École secondaire de la Pointe-aux-Trembles (ESPAT), n’est d’ailleurs pas convaincu qu’il sera de la partie si le bal se tient réellement en juillet. «On n’a qu’un bal dans une vie», concède-t-il, mais sa participation à un camp de basketball durant lequel il devra se lever à 6h30 tempère son envie de fêter. À son avis, après juin, les jeunes passent à autre chose.
Incompréhension face à l’annonce
Québec a également annoncé que les bals pourront se tenir sans masque et sans distanciation sociale, par groupes de 250.
Une mesure qui met «mal à l’aise» Marie-Ange. «On est quand même en temps de pandémie. Il ne faut pas se fier sur le fait que tout le monde est vacciné.»
Jeanne soutient pour sa part qu’un bal « masqué » en juin aurait été préférable au scénario proposé.
Bien qu’il soit seulement en secondaire 3, Alexandre Fabien Gagné a interpellé la députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, par courriel peu avant l’annonce gouvernementale afin que ses collègues de secondaire 5 puissent avoir leur bal.
Le président du conseil d’élèves et membre du conseil d’établissement de Daniel-Johnson ne comprend pas que cette annonce n’ait pas été faite au moment du plan de déconfinement, à la mi-mai. Là, il sent que le gouvernement s’est souvenu au dernier moment des jeunes et a tourné les coins ronds.
Organisation
Alexandre Fabien Gagné se questionne par ailleurs à savoir si les bals pourront réellement avoir lieu, considérant le court délai de préparation qu’auront les établissements scolaires.
Des propos auxquels a fait écho Kathleen Legault en entrevue sur les ondes de Radio-Canada. La présidente de l’association montréalaise des directions d’établissement scolaire a indiqué qu’une activité d’une telle ampleur est parfois le travail d’une année complète. «Après le 30 juin, notre personnel est en vacances», a-t-elle souligné.
Sollicitée à cet effet, la direction de Daniel-Johnson a indiqué qu’il était trop tôt pour se prononcer, considérant que ces nouvelles directives requièrent de revoir leurs plans. Au moment de publier, l’administration de l’ESPAT n’avait pas répondu à notre demande.
*nom fictif