Même si les autorités affirment que la criminalité reliée aux gangs de rue est en chute libre depuis 15 ans, à Rivière-des-Prairies, les investissements pour lutter contre le phénomène se poursuivent. Des contributions financières de plus de 100 000 $ ont été octroyées à des organismes lors du dernier conseil d’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT).
Les trois contributions sont octroyées à deux organismes pour la réalisation de quatre projets. Ceux-ci se déploieront particulièrement dans les écoles pour prévenir l’adhésion aux gangs de rue.
Lors de la création du poste de quartier 45, en 1998, RDP était un quartier rongé par les gangs de rue traînant une réputation peu enviable. Après un «grand ménage» de trois ans, les policiers, grandement aidés par différents organismes, ont entamé un important travail de sensibilisation. Ils disent maintenant récolter ce qu’ils ont semé et estiment qu’il fait bon vivre dans le quartier.
«Maintenant, ça va mieux, mais c’est encore fragile. Si les acteurs du milieu abandonnent, les jeunes risquent de se replier sur eux-mêmes», prévient Normand Séguin, agent sociocommunautaire au poste de quartier 45.
Selon des données rendues publiques l’an dernier, le nombre de crimes reliés aux gangs de rue a dramatiquement chuté pour l’ensemble de l’Île de Montréal, passant de 1031 événements en 2011 à seulement 273 en 2013.
Meilleurs bilans
Bien qu’il soit difficile de quantifier ce type de criminalité dans un quartier en particulier, les données générales inscrites dans les bilans annuels du SPVM semblent donner raison aux policiers et aux organismes.
Si l’on remonte à l’an 2000, un total de 2518 crimes avaient été recensés au PDQ 45. Dans celui de 2014, ce nombre chute à 1815.
Les crimes violents font partie des baisses enregistrées. Le nombre de voies de fait est passé de 310 à 255 et le nombre de vols qualifiés de 67 à 41. Notons aussi une diminution importante des crimes contre la propriété. Par exemple, on dénombrait 374 introductions par effraction en 2000 contre seulement 185 en 2014.
Sensibilisation
Refusant de crier victoire trop vite, plusieurs organismes communautaires pilotent encore de nombreux programmes pour lutter surtout contre l’adhésion aux gangs.
Lors du plus récent conseil d’arrondissement, l’organisme Équipe RDP s’est vu octroyé une somme de 40 000 $ pour le projet «Leaders jeunesse acteurs de prévention» et 35 000 $ pour le projet «Intervention gangs de rue à Rivière-des-Prairies».
Par ailleurs, un montant de plus de 26 000 $ a été remis au Centre des femmes de Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles pour les projets «Ma sexualité m’appartient, phase IX» et «Nos amours en spectacle – 6e édition».
Selon Pierreson Vaval, fondateur d’Équipe RDP, nul doute que la situation s’est grandement améliorée, notamment depuis que des intervenants de l’organisme se sont intégrés au milieu scolaire.
«Il y avait une période à risque: le soir, après les classes. Il fallait offrir une alternative pour que les jeunes ne soient pas laissés à eux-mêmes et qu’ils ne subissent pas l’influence des groupes.»
C’est pourquoi de nombreuses activités parascolaires ont été créées, particulièrement à l’école secondaire Jean-Grou. D’autres initiatives, comme le programme «jeunes leaders» ont aussi aidé. Ce groupe, formé de jeunes ayant suffisamment d’influence sur leurs pairs pour éviter que les conflits ne dégénèrent, porte ses fruits.
Le policier Normand Séguin est du même avis. À son arrivée, en 1998, les événements reliés aux gangs de rue étaient monnaie courante.
Et les crimes ne visaient pas seulement les membres de gangs. «Ça arrivait toutes les semaines. Que ce soit un livreur attaqué ou un chauffeur d’autobus agressé.»
Après une période de répression, les policiers du PDQ 45 ont accompagné les gens d’Équipe RDP dans les écoles, mais ils sont aussi allés à la rencontre des parents, se rendant même dans des églises pour y tenir des conférences pour les sensibiliser au phénomène.