Un mois après la confirmation de la future fusion des postes de quartier 45 et 49, la coalition «Sauvons le PDQ 45» reprend du service pour contrer le projet. Une pétition de plus de 6000 noms sera bientôt déposée auprès des maires Denis Coderre et Chantal Rouleau.
Les agents du poste de quartier 45 (Rivière-des-Prairies) couvrent actuellement un territoire de 23,42 km2 tandis que ceux du 49 (Pointe-aux-Trembles et Montréal-Est) se répartissent un secteur de 31,5 km2. Une fois la fusion faite, les 109 policiers des deux postes devront se partager un territoire d’environ 55 km2 et desservir une population de 113 000 personnes.
«Selon nous, la fusion n’est pas une bonne idée», tranche Pierreson Vaval, membre de la coalition et directeur de l’organisme Équipe RDP, qui travaille pour prévenir l’adhésion des jeunes aux gangs de rue.
À son avis, il ne faut absolument rien changer à la situation actuelle puisque «l’approche préventive et de proximité» du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans ce quartier est «exemplaire».
«On a trouvé ici la recette du succès et le SPVM devrait l’exploiter et la répandre. On devrait l’appliquer dans tous les postes de quartier à Montréal. Le SPVM est-il conscient de sa réussite ici», se demande M. Vaval.
Craintes concernant les services
Si le PDQ 45 est fusionné et relocalisé dans un autre lieu, le directeur d’Équipe RDP ajoute craindre non seulement une diminution du service, mais surtout un changement dans la façon d’intervenir.
«Nous sommes certains que le service ne sera plus le même», renchérit Yohan Perron, directeur de la Corporation de développement communautaire de Rivière-des-Prairies et porte-parole de la coalition.
Les différents membres de la coalition n’arrivent pas à comprendre comment le SPVM peut penser que le service sera aussi bon si le PDQ est relocalisé dans un secteur plus isolé du centre de la communauté, comme un quartier industriel ou alors près de l’autoroute 40, loin du centre de Rivière-des-Prairies.
Et la population?
M. Perron apprécie le fait que les organismes du milieu soient consultés et croit que l’avis des citoyens doit être pris en compte, puisqu’ils ont été plus de 6000 Prairivois à signer une pétition qui sera déposée en janvier.
«La population doit faire partie de la consultation. J’invite le maire Coderre à venir nous rencontrer. C’est aberrant et antidémocratique de ne pas consulter les gens», dit-il.
Le député de LaFontaine, Marc Tanguay, appuie la coalition dans ses démarches.
«Il y a une opposition à la perte du PDQ 45. Cet appui de la population [à la sauvegarde du poste] est un élément très positif pour un service de police. On ne peut pas faire des changements en faisant fi de cet appui», dit-il.
Le SPVM a décliné notre demande d’entrevue, précisant qu’une rencontre est prévue la semaine prochaine entre les membres de la coalition et l’assistant-directeur du Service à la communauté de la région Est du SPVM, Pierre Cadieux.
Ce dernier avait récemment promis de «s’asseoir avec la communauté» et a suggéré aux gens de soumettre des idées d’emplacement et que le SPVM allait «étudier l’option» en collaboration avec la Ville de Montréal.
Il avait aussi assuré qu’il n’y aurait pas une baisse de service, mais que la fusion permettra une plus grande marge de manœuvre dans la gestion des effectifs.
Ce qu’ils ont dit
-«Il y a des jeunes de Rivière-des-Prairies qui sont maintenant des policiers, alors qu’avant, ils ne voulaient même pas mettre les pieds au poste» -Jocelyne Simon, coordonnatrice de Concertation Action des citoyens d’origine haïtienne et membre de la coalition.
-«C’est souvent difficile de mobiliser les gens à Rivière-des-Prairies et la communauté n’est pas homogène. Pour le dossier du PDQ 45, dans le temps de le dire, nous avons récolté plus de 6000 signatures. C’est un réel enjeu pour la population.» -Isabelle Rivard, agente de mobilisation au Centre des femmes de Rivière-des-Prairies et membre de la coalition.
-«Je suis déçu, car on ne ressent aucune initiative à discuter de la part de l’administration. Ça va être une autre bagarre, mais j’espère me tromper.» -Theo Vecera, directeur de l’organisme Don Bosco YLC et membre de la coalition.