Compléter un triathlon est un défi que peu de personnes peuvent se vanter d’avoir relevé. Pour un Rosemontois qui a subi un grave accident de vélo en il y a plus de deux ans, il s’agit d’une opportunité de redonner à ceux qui l’ont supporté durant de difficiles moments.
Le 16 décembre 2015, Frédéric Roy enfourche sa bicyclette après une journée de travail pour s’en retourner chez lui. Il fait froid, mais les routes du centre-ville sont bonnes, il n’y a pas de neige ou de glace sur la chaussé. Le jeune homme ne se doute pas que quelques secondes plus tard, un automobiliste fera un virage au dernier instant, provoquant une terrible collision lors de laquelle M. Roy foncera tête première dans la portière du véhicule.
À la suite d’un séjour à l’urgence de l’Hôpital général de Montréal, celui-ci sort des limbes après une semaine sous sédatifs. Dans sa chambre, il réalise l’étendue de ses blessures: trois fractures à la mâchoire, un menton en mille morceaux, douze dents et un bout de gencive lui manquent. Le visage tuméfié et nourri par intubation, un long processus de guérison attendra M. Roy.
«J’avais plusieurs craintes. Je me suis vu dans le miroir la face déformée et j’avais peur de ne pas pouvoir refaire de sport, de ne plus être capable de retourner faire du vélo.»
Déjà amateur de marathon et de triathlon avant son incident, le jeune homme n’a qu’une idée en tête: enfourcher de nouveau sa bicyclette.
Mais avant d’y parvenir, celui-ci devra passer maintes fois sous le bistouri des chirurgiens. «La première intervention a eu lieu le 28 décembre 2015, durant laquelle les docteurs m’ont ouvert en dessous du menton pour procéder à une reconstruction maxillo-faciale. Neuf mois plus tard, j’ai eu une greffe osseuse pour remplacer l’os de ma gencive», raconte M. Roy.
Au total, celui-ci subira quatre opérations majeures.
À ce jour, M. Roy se remet encore de ses blessures. D’ici l’automne, il devrait recevoir d’autres interventions pour lui redonner l’ensemble de ses dents. «Ça fait 30 mois que je n’ai pas croqué dans une pomme ou un épi de maïs», souligne-t-il.
Un Ironman pour redonner
Pourtant, malgré avoir perdu près de sept kilos de masse musculaire à la suite de son séjour à l’hôpital, ce dernier s’est presque tout de suite lancé dans son entraînement. «Au début, j’avais une entorse cervicale, alors je ne pouvais pas faire de course. Je me suis mis à la natation. C’était quand même difficile de contrôler mon souffle avec le trou béant que j’avais à la place de la bouche», blague-t-il.
Mais il ne se laisse pas abattre, et en 2017 lui vient l’idée de poser un geste pour remercier l’équipe de spécialistes de la Clinique de chirurgie orale et maxillo-faciale qui l’a guéri. Il entreprend donc de participer le 19 août à la prochaine édition de l’Ironman du Mont-Tremblant afin d’amasser 5000$ pour la fondation de l’Hôpital général de Montréal.
«J’ai déjà réussi deux demi-Ironman l’an dernier et je me sens prêt à relever le défi. Ça fait six mois que je m’entraîne de 10 à 15 heures par semaine. Mon objectif est de compléter tout le parcours avec un temps de 11 à 13 heures», indique M. Roy.
Il devra ainsi parcourir 226 km, dont 3,8 km de natation, 180,2 km de cyclisme, pour terminer le tout par un marathon (42 km).
Sensibiliser
Au-delà de cette prouesse d’endurance, le jeune homme a un autre but: sensibiliser les automobilistes, cyclistes et piétons au partage de la route.
«Pour moi, la gestion des modes de transport est un enjeu important. Il faut protéger les usagers les plus vulnérables. Je suis automobiliste et cycliste et je réalise désormais à quel point il faut penser aux autres sur la route. C’est pourquoi j’ai écrit un blogue à ce sujet, Éviter l’évitable, à la suite de mon incident.»
Aujourd’hui, celui-ci voit d’un œil différent ce qui lui est arrivé. Conserve-t-il de l’amertume envers l’automobiliste qui lui a causé tant de maux?
«Je suis passé au travers de toute une gamme d’émotion par rapport à cette personne. Je ne la connais pas personnellement, mais je ne lui en veux pas. J’espère simplement que cette histoire lui aura fait réaliser à quel point il est important de penser aux autres et de partager la route», explique-t-il.
Pour participer à la collecte de fonds de Frédérique, rendez-vous au codevie.ca/defi-de-fred